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est devenu si humble dans ses désirs, qu'il ne s'est adressé qu'à de misérables créatures; mais ses amis prétendent que c'est plutôt une raillerie qu'une vérité. Il a cinquante-six ans, est gai, de bonne humeur, franc, et ami de tout le monde, et tient bonne table à la ville et à la campagne; cependant il est si bizarre, qu'il est plus aimé qu'estimé. Ses fermiers s'enrichissent avec lui; ses domestiques paraissent contens, les jeunes femmes l'aiment, et les jeunes gens se plaisent dans sa compagnie. Lorsqu'il va rendre visite à quelqu'un, il n'est pas plus tôt arrivé, qu'il appelle tous les domestiques par leurs noms l'escalier. Enfin, je ne dois pas oublier de dire qu'il est un des juges ordinaires de sa province aux assises, qui s'y tiennent quatre fois par an; qu'il y préside avec beaucoup d'habileté, et qu'il y fut applaudi de tout le monde, il y a trois mois, pour avoir expliqué un endroit difficile de l'acte sur la chasse.

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et cause avec eux en montant

Celui qui tient le second rang parmi nous, est un autre célibataire, membre d'un de nos principaux colléges de droit; c'est un homme de beaucoup d'esprit, de savoir et de probité, qui a choisi cette profession, plutôt pour obéir aux ordres d'un père fantasque et avancé en âge, que pour suivre son inclination. On l'a mis dans ce collége pour étudier les lois de son pays; mais il entend mieux les règles du théâtre que celles du barreau. Aris

Aristotle and Louginus are much better under stood by him than Littleton or Coke. The father sends up every post questions relating to marriagearticles, leases and tenures, in the neighbourhood; all which questions he agrees with an attorney to answer and take care of in the lump. He is studying the passions themselves when he should be enquiring into the debates among men which arise from them. He knows the argument of each of the orations of Demosthenes and Tully, but not one case in the reports of our own courts. No one ever took him for a fool; but none, except his intimate friends, know he has a great deal of wit. This turn makes him at once both disinterested and agreeable. As few of his thoughts are drawn from business, they are most of them fit for conversation. His taste for books is a little too just for the age he lives in; he has read all, but approves of very few. His familiarity with the customs, manners, actions, and writings of the ancients, makes him a very delicate observer of what occurs to him in the present world. He is an excellent critic, and the time of the play is his hour of business; exactly at five he passes through New-Inn, crosses through Russel-court, and takes a turn at Will's till the play begins; he has his shoes rubbed and his perriwig powdered at the barber's as you go into the Rose. It is for the

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tote et Longin lui sont plus familiers que Littleton ou Coke. Son père lui envoie, par toutes les postes, des questions qui s'élèvent entre ses voisins à la campagne, sur des articles de mariage, des baux à ferme, ou des fiefs; et le fils s'entend avec un procureur de ses amis, qui se charge du soin d'y répondre en gros. Il étudie les passions des hommes, au lieu d'éplucher des débats qu'elles excitent entre eux. Il sait les argumens de toutes les oraisons de Démosthène et de Cicéron, mais il ne saurait dire un seul cas rapporté dans nos cours de justice. On ne l'a jamais pris pour un sot, mais il n'y a que ses intimes amis qui sachent qu'il a beaucoup d'esprit. Ce tour d'esprit le rend agréable et désintéressé. Pea distrait d'ailleurs par les affaires de la vie, il n'en est que plus propre à la conversation. Son goût pour les livres est un peu trop sevère pour le siècle où il vit; il les a tous lus, mais il n'en approuve qu'un fort petit nombre. Il est si familier avec les coutumes, les actions, les mœurs et les écrits des anciens, qu'il n'en est que plus délicat à observer ce qui se passe aujourd'hui dans le monde. Il est excellent critique, et l'heure qu'il emploie à voir jouer une comédie, ou toute autre pièce de théâtre, est celle où il paraît le plus occupé. A cinq heures précises il traverse New-Inn et Russel-court; va faire un tour au café Will en attendant le spectacle, et fait poudrer sa perruque et frotter ses souliers dans

good of the audience when he is at a play, for the actors have an ambition to please him.

The person of next consideration is Sir Andrew Freeport, a merchant of great eminence in the city of London. A person of indefatigable industry, strong reason, and great experience. His notions of trade are noble and generous, and (as every rich man has usually some sly way of jesting, which would make no great figure were he not a rich man) he calls the sea the British Common. He is acquainted with commerce in all its parts, and will tell you that it is a stupid and barbarous way to extend dominion by arms; for true power is to be got by arts and industry. He will often argue, that if this part of our trade were well cultivated, we should gain from one nation, and if another, from another. I have heard him prove that diligence makes more lasting acquisitions than valour, and that sloth has ruined more nations than the sword. He abounds in several frugal maxims, amongst which the greatest favourite is, a penny saved is a penny got. A general trader of good sense is pleasanter company than a general scholar, and Sir Andrew having a natural unaffected eloquence, the perspicuity of his discourse gives the same pleasure that wit would in another man. He has made his fortune him

la boutique du barbier qui est à côté de la Rose. Quand il est au spectacle, sa présence est avantageuse au public, car les acteurs s'efforcent de lui plaire.

La troisième personne de notre société est le chevalier André Freeport, fameux négociant de Londres, qui joint à une activité infatigable un raisonnement solide et une grande expérience. Il a sur le commerce des idées vastes et nobles, et, par une espèce de badinage assez ordinaire aux gens riches, qui affectent des tours singuliers, mais qu'on ne souffrirait pas à d'autres, il dit que la mer est la propriété commune de la Grande-Bretagne. Il n'ignore aucune des branches du commerce, et il vous soutiendra qu'il n'est rien de plus barbare ni de plus insensé que de vouloir étendre sa domination par la voie des armes, puisque le véritable pouvoir n'est fondé que sur les arts et sur l'industrie. Il dispute souvent pour faire voir que si l'on cultivait telle ou telle partie de notre commerce, nous gagnerions sur telle ou telle nation. Je lui ai même entendu prouver que l'activité fait des acquisitions de plus longue durée que la valeur, et que la paresse a détruit plus de nations que l'épée. Il est plein de maximes de frugalité, et un de ses proverbes favoris est celui-ci un sou épargné est un sou gagné. Il faut avouer qu'un homme de bon sens qui entend bien le commerce en grand, est plus agréable en com

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