Obrázky stránek
PDF
ePub

brassent; tandis que, dans une affaire de cette importance, ils devroient plutôt consulter le génie et la capacité de ceux-ci que leur propre incli

nation.

Voilà le grand avantage d'une nation commerçante; il y a fort peu d'hommes assez lourds et assez bêtes pour ne pas trouver le moyen d'y gagner leur vie, et même de s'y enrichir. Un commerce bien réglé n'est pas de la nature du droit, de la médecine, ou de la théologie; il ne sauroit y avoir trop de monde qui mette la main à l'œuvre; il fleurit au contraire par la multitude des ouvriers, et il donne de l'occupation et du profit à tous ceux qui s'y attachent. Nos vaisseaux marchands sont autant de boutiques flottantes qui vont exposer nos denrées et nos manufactures dans tous les pays du monde, et qui trouvent des acheteurs sous les deux tropiques.

ADDISON.

Sur les Malades imaginaires.

La lettre suivante n'a pas besoin d'explication; on verra d'abord ce que l'auteur s'y propose.

MONSIEUR,

Je suis du nombre de ces gens d'une santé foible, tribu qu'on appelle communément valétudinaire; et je vous avoue que j'ai contracté originairement celte mauvaise habitude du corps, ou plutôt de

I no sooner began to peruse books of this nature, but I found my pulse was irregular; and scarce ever read the account of any disease that I did not fancy myself afflicted with. Dr. Sydenham's learned treatise of fevers threw me into a lingering hectic, which hung upon me all the while I was reading that excellent piece. I then applied myself to the study of several authors who have written upon phthisical distempers, and by that means fell into a consumption; till at length, growing fat, I was in a manner ashamed out of that imagination. Not long after this I found in myself all the symptoms of the gout, except pain; but was cured of it by a treatise upon the gravel, written by a very ingenious author, who (as it is usual for physicians to convert one distemper into another) eased me of the gout by giving me the stone. I at length studied myself into a complication of distempers; but, accidentally taking into my hand that ingenious discourse written by Sanctorius, I was resolved to direct myself by a scheme of rules, which I had collected from his observations. The learned world are very well acquainted with that gentleman's invention; who, for the better carrying on his experiments, contrived a certain mathematical chair, which was so artificially hung upon springs, that it would weigh any thing as well as a pair of scales. By this means he discovered how many ounces of his

l'esprit, par l'étude de la médecine. Je n'eus pas plus tôt commencé à lire des livres qui traitent de cette science, que je sentis mon pouls s'altérer; je ne lisois presque jamais la description d'une ma-ladie qu'il ne me semblât que j'en étois affligé. Le savant traité sur les fièvres du docteur Sydenham me jeta dans une fièvre de langueur qui ne m'abandonna point pendant tout le temps que je passai à la lecture de cet excellent ouvrage. Je me donnai ensuite à l'étude de divers auteurs qui ont écrit de la phthisie, et je crus être attaqué de la consomption, jusqu'à ce qu'enfin, devenu fort gras, une espèce de honte me guérit de cette imagination. Bientôt après je reconnus en moi tous les symptômes de la goutte, si vous en exceptez la douleur; mais j'en fus guéri par la lecture d'un traité sur la gravelle, écrit par un habile auteur, qui, suivant la pratique des médecins accoutumés à chasser un mal par un autre, me délivra de la goutte en me donnant la pierre. Enfin, à force d'étudier, je vis en moi une complication de maladies; mais l'ingénieux ouvrage de Sanctorius, m'étant tombé par hasard entre les mains, je résolus de me conduire selon le système que je m'étois formé d'après ses observations. Tout le monde savant connoît la découverte de cet homme habile qui, pour mieux faire ses expériences, avoit inventé une chaise mathématique, si artificieusement suspendue en l'air par des res

food passed by perspiration, what quantity of it was turned into nourishment, and how much went away by the other channels and distributions of nature.

Having provided myself with this chair, I used to study, eat, drink, and sleep in it; insomuch that I may be said, for these last three years, to have lived in a pair of scales. I compute myself, when I am in full health, to be precisely two hundred weight, falling short of it about a pound after a day's fast, and exceeding it as much after a very full meal; so that it is my continual employment to trim the balance between these two volatile pounds in my constitution. In my ordinary meals I fetch myself up to two hundred weight and half a pound; and if, after having dined, I find myself fall short of it, I drink just so much small beer, or eat such a quantity of bread, as is sufficient to make me weight. In my greatest excesses I do not transgress more than the other half pound; which, for my health's sake, I do the first Monday in every month. As soon as I find myself duly poised after dinner, I walk till I have perspired five ounces and four scruples; and when I discover, by my chair, that I am so far reduced, I fall to my books, and study away three ounces more. As for the remaining parts of the pound, I keep no account

sorts, qu'on y pouvoit tout peser comme dans des balances. De cette manière il savoit combien d'onces de sa nourriture se dissipoient par la transpiration, quelle quantité se convertissoit en sa propre substance, et ce qui s'en alloit par les autres voies de la nature.

M'étant procuré une chaise de cette espèce, je me suis accoutumé à y étudier, manger, boire et dormir; de sorte qu'on peut dire que, depuis trois ans, j'ai vécu daus une paire de balances. Suivant mon calcul, quand je suis en parfaite santé, je pèse exactement deux cents livres; j'en perds une ou environ après avoir jeûné un jour, et j'en acquiers une de plus après avoir fait un bon repas; ainsi je m'occupe toujours à tenir la balance dans cette variation de deux livres dans ma constitution. Dans mes repas ordinaires, j'augmente mon poids jusqu'à deux cents livres et demie; et si après avoir dîné il en manque quelque chose, je bois tout juste autant de petite bière, ou je mange telle quantité de pain qu'il faut pour arriver à ce poids. Dans mes plus grands excès je n'y ajoute que l'autre demi-livre, ce que je fais, pour ma santé, tous les premiers lundis de chaque mois. Aussitôt qu'après le dîner je me trouve bien et dûment pesé, je me promène jusqu'à ce que j'aie transpiré la valeur de cinq onces et quatre scrupules; et quand je vois par ma chaise que je suis réduit à ce point, je m'attache à mes livres, et je dissipe trois onces,

« PředchozíPokračovat »