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bien dressée pour monsieur l'évêque." On lui donne la plus belle chambre de l'hôtel; et il faut voir comme on se dépêche pour monsieur l'évêque. On lui dit: "Assoyez-vous dans ce sofa." Il répond: "Oui," et se laisse tomber si dret dans le sofa à ressorts qu'il y cale par-dessus la tête.

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De là, les trois jeunesses s'en vont au plus gros magasin de la place, et ils achètent des soieries et toutes sortes de marchandises. Ayant acheté pour cinq mille piastres de marchandises, ils disent: "Envoyez le compte à l'hôtel; monsieur l'évêque paiyera." Le marchant s'en va trouver l'évêque: "Monsieur l'évêque, allez-vous payer le compte des jeunesses à mon magasin?"-"Oui," il répond - il était engagé pour dire "Oui!"

Avec les cinq mille piastres de marchandises les jeunesses sacrent 2 leur camp.

Le marchand vient avec son compte, le lendemain, en disant: "Monsieur l'évêque, je vous apporte le compte pour les marchandises que j'ai vendues à vos serviteurs, hier. Vous allez payer ?" Il répond: "Oui," mais sans payer. Le marchand lui donne le compte en écrit. L'évêque répond: "Oui,... mais je ne sais pas lire." - "Comment? un évêque qui ne sait pas lire!"-"Oui, je suis un Lévêque, mais [non] pas un évêque grand monseigneur!". - "Qu'est-ce que ça veut dire ?"-"Je suis quêteux 'de mon métier,' qui ai laissé ma poche à côté du chemin quand les trois jeunesses m'ont engagé pour toujours dire 'Oui.' Quant à vos soieries et vos marchandises, je ne peux pas les payer, n'étant qu'un quêteux."

Otant ses habits d'évêque, le bonhomme Lévêque s'en va chercher sa poche, le long du chemin, et reprend son 'métier.'

Les jeunesses? Ce qu'ils ont fait? Je ne le sais pas; ils ont dû aller commercer leurs marchandises et leurs soieries dans un autre

pays.

C'est toute! Moi, ils m'ont renvoyé ici vous conter ça.

72. LE DIABLE ET LA MARIÉE.1

Une fille avait deux 'cavaliers.'5 Elle en aimait un, mais l'autre, elle ne pouvait pas le souffrir. Celui qu'elle aimait était un garçon pauvre. Les parents préféraient l'autre, qui était plus à l'aise.

La fille se dit, un jour: "Si je me marie à ce garçon-là, je veux

* Prennent le camp, déguerpissent.

1 Paiera. 3 Vendre. Recueilli à Lorette, Québec, en août, 1914, de Mme Prudent Sioui (née Marie Picard), qui l'avait appris de sa mère. Sa mère, à son tour, le tenait de son père. ' Prétendants.

La conteuse dit: "Si je le marie..." Chez les paysans canadiens, "marier quelqu'un" signifie "se marier à..."

ben que le diable m'emporte en corps et en âme, et en vie!" Elle disait ça d'un bon cœur.1

Le temps passe. A la fin, les choses arrivent comme le veulent les parents. La fille se marie au garçon qu'elle n'aime point.

En sortant de l'église, après la messe du mariage, elle aperçoit deux cochers dans un carrosse auquel sont attelés deux beaux chevaux. Un cocher descend et la fait embarquer dans son carrosse. Une fois la mariée dans le carrosse, et avant que le mari ait le temps de monter, carrosse, chevaux, cochers et mariée, tout a disparu. Bien surpris, les gens de la noce se regardent sans rien comprendre. Le marié et les autres sont bien tristes, et ils ne peuvent pas s'expliquer ça. Ils s'en vont en disant: "Qu'est-ce que ça veut dire ?"

Le frère de la mariée a encore plus de peine que les autres. Etant bûcheron, tous les jours, il va 'bûcher' dans les bois. Un soir, il s'assoit sur un arbre qu'il vient d'abattre, et commence à penser à sa sœur. Tout à coup, un homme arrive devant lui. Le bûcheron ne sait pas comment cet homme a pu arriver si vite devant lui- c'était le diable!

Le nouveau-venu dit: "Tu as l'air bien triste! Qu'est-ce que tu as? Tu parais avoir bien de la peine?" "Ah oui! j'en ai.” — "Mais, pourquoi donc ?" — "Voilà longtemps que ma sœur s'est mariée. La journée de ses noces, elle a disparu, et on n'en a jamais eu ni vent ni nouvelle depuis. On ne sait pas quel bord elle a pris." Le diable lui demande: "Veux-tu voir ta sœur ?"-"Bien sûr! je serais fier de la voir."-"Si tu veux la voir, promets-moi de lui ôter son jonc de mariage, qu'elle a dans son doigt. Si tu me le promets, je t'emmène la voir." "Oui, je te promets de lui ôter son jonc." Sans se douter qu'il a affaire au diable, il embarque sur son dos aussitôt qu'il lui dit: "Embarque! Ça ne prendra pas de temps à se rendre." Rendu dans un appartement, il se trouve seul en face de sa sœur, qui, le voyant, lui dit: "Ah, pauvre frère! Je sais ce que tu veux faire: tu viens chercher mon jonc de mariée. Je restais ici, sans rien endurer; a'ct'heure, je souffrirai [le] martyre. C'était bien ennuyant, mais, au moins, c'était tout."-"Je ne l'apporterai pas," répond son frère. "Il faudra bien que tu l'apportes; tu ne sais pas à qui tu as affaire." Se mettant la tête dans la porte, le diable dit: "Jase tant que tu voudras avec ta sœur; mais quand tu partiras il faudra que tu apportes son jonc." L'homme répond: "Je vous dis que je ne l'apporterai pas!" La femme dit: "Mon frère, tu fais mieux de l'a, porter. Tu n'es point ton maître ici... Te souviens-tu de la journée où papa voulait me marier au garçon à l'aise que j'ai fini par accepter pour

3

1 I.e., de tout son cœur, avec sincérité.

? Mme Sioui disait: "de la journée quand."

La conteuse disait: "voulait me faire marier avec le garçon."

mari? Je lui ai répondu: 'Je veux bien que le diable m'emporte en corps et en âme, et en vie, si je l'épouse.' Eh bien! aujourd'hui, je suis en enfer. Avec mon jonc béni, je ne pouvais pas souffrir; mais quand tu l'auras apporté, je souffrirai [le] martyre." Le garçon veut 'tenir son bout'1 et ne pas emporter le jonc béni de sa sœur, mais contre la volonté du diable, il ne peut rien faire.

Le diable l'a ramené sur la terre et l'a remis dans le bois, là où il l'a pris.

- Allegro

73. RANDONNÉE BERCEUSE. 2

Faut aller cher-cher le loup Pour ve-nir man-ger [bé-bé]

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Rengaine chantée pour endormir un enfant; recueillie sous la dictée de M. Louvigny de Montigny, d'Ottawa, qui l'a apprise de son père, à Saint-Jérome, P. Q., il y a à peu près vingt-cinq ans.

3 On substitue ici le nom de l'enfant qu'on endort.

4 Les muettes entre crochets s'élident.

Les lignes qui s'ajoutent à chaque couplet se chantent comme celle-ci.

Le loup n[e] veut pas manger bébé;
Bébé ne veut pas fair[e] dodo.
Bébé, fais dodo,

Kallinngo!

4. Faut aller chercher le feu (2 fois),
Pour venir brûler l[e] bâton (2 fois),
Le feu n[e] veut pas brûler le bâton;
L[e] bâton n[e] veut pas battre le chien⚫
Le chien n[e] veut pas mordre le loup;
Le loup n[e] veut pas manger bébé,
Bébé ne veut pas fair[e] dodo.
Bébé, fais dodo,

Katlinngo!

5. Faut aller chercher de l'eau (2 fois),
Pour venir éteindr[e] le feu (2 fois).
L'eau ne veut pas éteindr[e] le feu;
Le feu n[e] veut pas brûler l[e] bâton;
L[e] bâton n[e] veut pas battre le chien;
L[e] chien n[e] veut pas mordre le loup;
Le loup n[e] veut pas manger bébé;
Bébé ne veut pas fair[e] dodo.

Bébé, fais dodo,

Kallinngo!

6. Faut aller chercher le bœuf (2 fois),

Pour venire boire l'eau (2 fois).
Le bœuf ne veut pas boire l'eau;
L'eau ne veut pas éteindr[e] le feu;
Le feu n[e] veut pas brûler l[e] bâton;
Lle] bâton n[e] veut pas battre le chien;
Le chien n[e] veut pas mordre le loup;
Le loup n[e] veut pas manger bébé;
Bébé ne veut pas fair[e] dodo.
Bébé, fais dodo,

Katlinngo!

7. Faut aller chercher l[e] boucher (2 fois), Pour venir tuer le bœuf (2 fois).

L[e] boucher veut bien tuer le bœuf;
Et le bœuf veut bien boire l'eau;
L'eau veut bien éteindre le feu;
Le feu veut bien brûler l[e] bâton;
L[e] bâton veut bien battre le chien;
Le chien veut bien mordre le loup;
Le loup veut bien manger bébé;
Bébé veut bien faire dodo...
Bébé fait dodo,

Katlinngo!

74. RANDONNÉE DU PETIT BOUQUIN.1

Allegro

Allegro

Fi-chons lo pjejtit bouquin; Fichonsle yardera (bis).

On va cher-cher bou-quin pour faire man-ger le chou (bis),

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1. On va chercher bouquin pour fair[e] manger le chou (bis).
Bouquin [ne] veut pas manger le chou.

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2. On va chercher le chien pour faire manger bouquin (bis).

Le chien [ne] veut pas manger bouquin;

Bouquin [ne veut pas manger le chou;

Fichons le petit bouquin,

Fichons le gardera (bis).

3. On va chercher l[e] baton pour faire battre le chien (bis).
Bâton [ne] veut pas battre le chien;

Le chien [ne] veut pas manger bouquin;
Bouquin [ne] veut pas manger le chou.
'Fichons le petit bouquin;
Fichons le gardera (bis).

4. On va chercher le feu pour faire brûler bâton (bis).

Le feu [ne] veut pas brûler bâton;

Bâton [ne] veut pas battre le chien;

Le chien [ne] veut pas manger bouquin;
Bouquin [ne] veut pas manger le chou.

Fichons le petit bouquin;

Fichons le gardera (bis).

1 Ritournelle chantée, recueillie de Mme Alphonse Perrault, de Woodroffe, Ottawa, le 1er janvier, 1916. Mme Perrault l'a apprise de son père, feu Alphonse Larocque, qui savait beaucoup de vieilles chansons.

2 Bouquin ou petit bouc, est un mot inusité en Canada. En Louisiane il apparaît sous la forme de "Bouki," dans un conte recueilli par A. Fortier (Memoirs of the American Folk-Lore Society, vol. ii, 1895, p. 31).

Refrain dont les mots sont, dans leur ensemble, dénués de sens.

La première ligne de chaque couplet se chante comme celle-ci.

• Toutes les lignes qui s'accumulent se chantent ainsi.

Solo ensuite répété par le chœur.

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