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5. On va chercher de l'eau pour éteindre le feu (bis).
L'eau [ne] veut pas éteindre le feu;

Le feu [ne] veut pas brûler bâton;
Bâton [ne] veut pas battre le chien;
Le chien [ne] veut pas manger bouquin;
Bouquin [ne] veut pas manger le chou.
Fichons le petit bouquin;

Fichons le gardera (bis).

6. On va chercher le bœuf pour faire boire l'eau (bis).
Le bœuf [ne] veut pas boire l'eau;

L'eau [ne] veut pas éteindr[e] le feu;
Le feu [ne] veut pas brûler l[e] bâton;
L[e] bâton [ne] veut pas battre le chien;
Le chien [ne] veut pas manger bouquin;
Bouquin [ne] veut pas manger le chou.
Fichons le petit bouquin;

Fichons le gardera (bis).

7. On va chercher l[e] boucher pour faire tuer le bœuf (bis).

L[e] boucher veut bien tuer le bœuf;

Le bœuf veut bien boire l'eau;
L'eau veut bien éteindr[e] le feu;
Le feu veut bien brûler bâton;
Bâton veut bien battre le chien;
Le chien veut bien manger bouquin;
Bouquin veut bien manger le chou.

Fichons le petit bouquin;
Fichons le gardera (bis).

SECTION D'ANTHROPOLOGIE,

OTTAWA, CAN.

FACETIES ET CONTES CANADIENS.

PAR VICTOR MORIN.

75. LES AVENTURES DE MICHEL MORIN.

LES facéties qu'on a groupées autour du nom de Michel Morin sont nombreuses et variées, comme on peut s'en rendre compte en lisant celles que le "Journal of American Folk-Lore" a publiées dans sa livraison de janvier-mars, 1916 (p. 125). Elles paraissent toutes avoir une commune origine, qu'il est cependant difficile de découvrir. Les versions que j'en connais proviennent de quelques anciennes familles des comtés de Saint-Hyacinthe et de Bagot, qui étaient originaires de la région de Montmagny-Bellechasse; c'est de là sans doute que leur était venu le récit des aventures de notre héros, car on disait que "les parroisses d'en bas de Québec" étaient remplies du bruit de ses exploits.

Il est peut-être à regretter que la légende ne nous ait laissé que de maigres renseignements sur la carrière de ce prototype populaire de Tartarin, dont elle n'a guère conservé que les derniers exploits. Mais, comme pour bien des héros, la mort de Michel Morin est le moment le plus intéressant de sa vie!

"Monsieur Michel Morin" était "homme d'église." Le latin qui émaille le récit de ses prouesses indique d'ailleurs qu'il ne faisait que côtoyer la liturgie. Etait-il sacristain, maître-chantre ou marguillier? Il a tout aussi bien pu être l'un que l'autre. Dans la "cantate" citée plus loin, le curé se désole à la pensée que "la voûte de l'église ne résonnera plus au son de sa voix," et il se demande "qui charmera désormais nos oreilles au son des cloches ?" Il aurait donc été à la fois chantre et bedeau. Personne, toutefois, ne peut douter de l'important personnage qu'était Michel Morin à ses propres yeux.

Les saillies dont il accompagne, dans son testament, la distribution de ses biens imaginaires, les onomatopées, telles que "britchte, bretchte," se retrouvent dans toutes les versions; mais les variations des fragments rimés indiquent assez que le texte original a subi de fortes atteintes, dans la tradition orale. Il semble même qu'au cours de leurs migrations, les conteurs ont dû modifier l'ordre et la forme des épisodes. Ainsi, celui de la perte du "bel âne, dans la grenouillère," débute de la façon suivante, dans le récit que j'en ai toujours entendu:

Un jour, Michel Morin

Etait dans son jardin
Après planter des rabioles,

Tout en jonglant des fariboles.

1 Dans Les derniers Bretons (nouv. ed., p. 226) d'Emile Souvestre breton-nous lisons: "Le Michel Morin de le Laë. . . poème rien de breton" . . .-C.-M. B.

un écrivain œuvre qui n'a

Quand tout à coup r'soudit1

Un de ses voisins, qui lui dit:
-"Bonjour, monsieur Michel Morin!"
-"Bonjour, p'tit Jean, voisin!"
-"Voulez-vous me prêter

Votre bel âne, pour aller porter

Le linge de ma commère

A la grenouillère ?"

J'ai fait allusion, il y a instant, à la prédilection des conteurs pour les bouts à rimes ou à assonances

les désignaient pittoresquement

les "rimettes à Marichette," comme ils

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reconstituer à peu près exactement, comme il m'a été raconté très souvent:

Un jour, Michel Morin,
Levé de grand matin,

S'en allait au moulin

Porter du sarrasin,

Quand lui dit son voisin

Sur un ton baladin:

-"Il est trop grand matin,
Monsieur Michel Morin,

Pour aller au moulin

Y faire moudre du grain."
-"S'il est trop grand matin,

Répond d'un air malin
Monsieur Michel Morin,

Pour aller au moulin,
Il est bien trop matin,
Monsieur Michel Flandrin,
Pour fair' le galopin,

A courir les chemins!"

Enfin le trépas héroïque de Michel Morin a été chanté de bien des manières, voire même en latin de cuisine! La "cantate" suivante fut exécutée avec grande pompe dans une soirée récréative à laquelle j'assistais comme élève, au collège de Saint-Hyacinthe (Qué.), il y a environ trente-cinq ans:

MICHELI MORINI

FUNESTUS TRESPASSUS! 2

Rami in supremo nidum
Pia garrula percharat.
Numerosa cohua

1 Ressoudre, expression signifiant "rejaillir, survenir à l'improviste, arriver," etc., et qu'on croit venir du verbe latin resurgere (cf. S. Clapin, Dictionnaire canadienfrançais).

2 Gaston de Montigny, il y a à peu près vingt-cinq ans, apprit une version analogue, au Collège de Joliette (Qué.).

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Ergo voce tuâ

Nec plus resonabit

Eglise vouta;

Nec plus chantabis;

'Iste Confessor Dómini, sacratus

'Festa plebs cujus

'Celebrat per orbem,

'Hodie lætus méruit secreta

'Scandere cæli.'

Siste Michele!

Quis post haec

Charmabit oreillas

Clocharum sonitu?

Siste ergo!

Atque te redde,

Michele,

Meis prieris!"

Michelus Morinus

Branchâ forte sedebat;

Tunc Michelus sedebat

Brancha rongeata a vermis

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[NOTE.-Aux versions de M. Victor Morin nous en ajoutons une autre très incomplète, recueillie aux Eboulements, comté de Charlevoix, en 1916, d'Edmond Boudreau, un mousse de 22 ans, qui l'a imparfaitement apprise de M. Vézina-Tremblay, un homme âgé, du même endroit.

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Lève-toi donc, pauv' Lanore (Léonore), pour faire des crêpes à ce pauvre Michel Morin, qui travaille jour et nuit!

A l'heure de notre mort, ainsi soit-il!"

Voilà qu'elle se lève, qu'elle met sa camisole blanche et son bonnet de nuit. Elle commence à faire des crêpes, (en fait) pendant trois jours.

Voilà ce pauvre Michel Morin [qui] prend son fusil sur son épaule, montant la côte Pierre, pour [y] dénicheter les pipes et les bouteilles d'eau-de-vie. De pistes de renard, [il] n'en avait jamais tant vu; mais de pistes de lièvre, [il y en avait encore] plus. Il rencontre un lièvre. Touchant: Pouf! Il le descenda. Mangea son gibier.

En passant sur un pont, il rencontre trois de ses amis, qui lui demandent de quoi pour se régaler en maître. Il se débarassit de ses vêtements; il prit une plonge. On le crut noyé, mais pas du tout! Il · ressouda avec trois brochées de poisson, longs..., longs comme d'icite à aller à demain. [Il en fit] une matelote de cent soixante et douel (?) pouces.

C'était un jeudi, lorsqu'il rencontra la blanchisseuse qui portait le linge. Elle lui demanda le bel âne. "Prenez-le, je vous le permets." C'est en passant le russeau (ruisseau) de Qualbec [qu'il s'embourba de la queue jusqu'au bec, [à cause] des coups [qu'on lui donna] pour le faire

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