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mais comment faire? Prenant son cor merveilleux, il en fait sortir mille ouvriers, à qui il commande de faire une porte dans le château. Quand ils ont fini, il 'retire son vent,' et les ouvriers rentrent dans le cor. Entré dans le château, il passe de chambre en chambre. Dans une belle grande chambre, il aperçoit une belle princesse, qui lui dit: "Sauve-toi vite, mon Petit-Jean! Je suis gardée ici par trois géants, et s'ils te voient, ils vont te tuer."-"Où sont-ils, vos géants?" "Il y en a deux qui sont sortis, et l'autre me gardait pendant leur absence; mais comme ils ne sont pas encore revenus, mon gardien est allé se coucher et il dort dans la chambre du fond." Petit-Jean pense: "Je vas aller voir ce qu'il a l'air." Il entre dans la chambre du géant, prend son sabre et lui coupe la tête. Revenant trouver la princesse, 1 lui dit: "Belle princesse, venez voir votre géant," et il lui montre la tête qu'il vient de couper; puis il l'invite à venir se promener dans le jardin. La princesse répond: "Il n'y a pas de porte ni de chassis." - "J'ai fait faire une porte par mes serviteurs." En marchant dans le chemin, Petit-Jean lui montre les deux autres géants qu'il a tués. La princesse commence à trouver Petit-Jean bien de son goût; mais elle lui dit: "Il y a encore une vieille fée mauvaise qui va t'amorphoser, si elle t'aperçoit." "Où est-elle, cette vieille fée-là?" demande Petit-Jean. "Elle se cache dans un rocher, sous la terre," répond la princesse. Au bout du jardin, Petit-Jean aperçoit une mer de glace. A travers la glace passent des mâts de bâtiments. La princesse dit: "Tu vois là les bâtiments des princes qui sont venus pour me délivrer; la vieille fée les a amorphosés; elle a changé la mer en glace, et les bâtiments sont au fond, avec les princes et leurs serviteurs dedans."

Tout à coup, la vieille fée sort du bois; la princesse se sauve dans le château. La fée aperçoit Petit-Jean et lève le bras pour lui jeter un sort; Petit-Jean prend son sabre et lui coupe le bras. La vieille fée ramasse son bras et part à la course en criant. Petit-Jean la suit. Eile arrive devant un gros rocher, qu'elle lève avec son autre main, et elle entre dans la terre. Petit-Jean essaie de lever le rocher, mais il n'en est pas capable. Il souffle dans son cor merveilleux, d'où il sort mille hommes. Aussitôt qu'il leur commande de soulever le rocher, ils le sculèvent; et Petit-Jean entre dans la caverne de la fée. Il l'aperçoit au fond de la caverne; elle avait ses deux bras, mais son bras coupé était posé à l'envers. Petit-Jean la voit qui arrache son bras posé à l'envers, qui le repose à l'endroit, et qui le frotte avec un onguent merveilleux, pris dans un petit pot à côté d'elle. Le bras coupé devient pareil à l'autre. Petit-Jean prend alors son sabre et coupe la tête de la fée. Comme elle cherche son petit pot d'onguent pour se recoller la tête, Petit-Jean saute dessus, prend le pot et se sauve avec.

Passant par le jardin de la fée, qui est couvert de fleurs d'or, il se fait un casseau de bouleau et le remplit de grappes de raisin toutes en

or pur. Comme il traverse la mer de glace pour entrer au château, Petit-Jean glisse, tombe à terre et échappe son pot d'onguent, qui se casse sur la glace. L'onguent se répand sur la glace et la fait fondre. Tous les bâtiments emprisonnés sous la glace remontent sur l'eau. Dans le plus beau des bâtiments, il y a un prince qui s'appelle le Princefendant, envoyé par un roi pour délivrer sa fille, la Belle-princesse. Petit-Jean voit aussi les bâtiments de ses deux frères, mais il ne se fait pas reconnaître.

Le Prince-fendant entre au château pour délivrer la princesse et l'emmener avec lui sur son bâtiment. La princesse lui dit qu'elle est délivrée et qu'elle veut bien s'en aller avec lui, mais qu'elle ne veut pas partir sans que Petit-Jean la suive. "Comment, dit le Princefendant, vous n'êtes pas pour emmener avec vous ce traîneur de grèves?" Elle répond: "Je ne m'en irai pas sans Petit-Jean." PetitJean monte donc sur le bâtiment avec elle, et le bâtiment part. Mais un qui n'est pas content, c'est le Prince-fendant; faut voir la princesse avec Petit-Jean, tout le temps, dans la cabine du bâtiment, tandis que le prince se promène dehors, au mauvais temps, pour donner ses ordres!

Au bout de quelque temps, le Prince-fendant, voulant se débarrasser de Petit-Jean, se met à crier: "Venez voir une belle sirène." La princesse et Petit-Jean sortent de la cabine. Petit-Jean, qui était parti pour voir du pays, demande où est la sirène. Le Prince-fendant répond: "Elle est accrochée après le gouvernail." Petit-Jean se penche pour la voir; le Prince-fendant lui donne une poussée et le jette à l'eau. La princesse a bien de la peine, mais le Prince-fendant ne veut pas arrêter son bâtiment pour un "traîneur de grèves." La princesse lui dit: "Je veux que vous mettiez tout le bâtiment en noir." — “Ça ne faisait pas l'affaire du Prince-fendant, parce que le roi lui avait dit: 'Si tu ramènes ma princesse vivante, je veux que tu arrives, si c'est le jour, avec tes pavillons tout autour du bâtiment, et avec des lumières tout autour, si c'est la nuit. Si tu la ramènes morte, je veux que le bâtiment soit tout en noir, et si tu ne la ramènes pas, je ne veux pas te voir.'" Il pense donc qu'avec le bâtiment en noir, le roi croira que sa princesse est morte et qu'il le fera pendre.

Aussi, lorsque le bâtiment arrive devant le château, le roi vient à sa rencontre et lui dit d'un air fâché: "Ma princesse est morte donc ?" Le Prince-fendant répond: "Elle n'est pas morte, mais elle n'en vaut pas beaucoup mieux, parce qu'elle s'est amourachée d'un traîneur de grèves, tombé à l'eau pendant le voyage, et qu'elle ne veut pas me regarder." Le roi est bien content quand même de retrouver sa fille. L'emmenant au château avec le Prince-fendant, il veut la marier tout de suite; mais elle pense à Petit-Jean et demande un an et un jour, pour se préparer.

ne.

Allons voir ce que faisait Petit-Jean, pendant ce temps-là. Tombé du bâtiment, il s'était mis à nager, et il s'était accroché à des morceaux de mâts d'un bâtiment qui avait fait naufrage. En flottant sur ces morceaux de bois, il s'était rendu jusqu'à une île, où il n'y avait personHeureusement qu'il avait sa serviette magique, son cor merveilleux et son sabre de sept lieues. Avec ça, il n'était pas en peine; mais il se lamentait d'avoir perdu sa princesse. Il déplia sa serviette et, après avoir bien mangé, il fit sortir deux mille hommes de son cor merveilleux et leur ordonna de lui construire un bâtiment, pour courir après sa princesse. Le temps passait et le bâtiment montait; mais Petit-Jean n'avait pas de toile pour faire des voiles; il n'était pas plus avancé, parce que ça n'est pas commode de mener avec des rames un gros bâtiment, sur la mer.

Un bon jour, il aperçoit sur la mer une planche qui vient tout droit vers son fle; sur cette planche, que voit-il? La vieille fée, la bonne memère, qui lui dit: "Mon Petit-Jean, tu m'as l'air à avoir bien de la peine." Il répond: "Oui, bonne memère, parce que j'ai perdu ma princesse; et je ne peux pas partir d'ici." Elle dit: "Monte sur ton bâtiment, mon Petit-Jean, et tu vas voir comme ça va marcher." Petit-Jean monte sur son bâtiment; la fée attache une corde en avant, et elle part sur sa planche, en traînant le bâtiment.

En un rien de temps, le bâtiment est rendu en face du château du roi. Mais Petit-Jean n'est pas bien présentable, pour aller faire visite à la princesse; depuis bientôt un an, il a les mêmes habits; il est pas mal en guénilles. La fée lui dit: "Prends ce papier et va trouver l'aubergiste qui tient le grand hôtel, sur la côte; il te dira quoi faire." Petit-Jean prend le papier, remercie la bonne memère et va trouver l'aubergiste. En lisant le papier, l'aubergiste dit: "Je ferai pour toi tout ce qui est nécessaire, parce que c'est la bonne fée qui m'a établi ici." Il part avec Petit-Jean et va lui acheter un habillement de coton bleu, en disant: "Le roi engage des jardiniers pour son jardin, qui est grand comme une terre; il en a déjà plusieurs, mais peut-être pourra-t-il t'engager, et tu verras la princesse."

Petit-Jean va trouver le roi et demande à s'engager comme jardinier. “J'en ai déjà cinquante, répond le roi, et je n'en ai plus besoin."

"Si vous le voulez, sire le roi, je travaillerai pendant la nuit, tandis que les autres se reposeront, et je vous garantis que vous serez content de moi. Si vous n'êtes pas content, vous me paierez, et je m'en irai." Le roi le prend à l'essai pour une nuit. Petit-Jean souffle dans son cor merveilleux, d'où il sort mille hommes, qu'il fait travailler toute la nuit dans le jardin. Au lever du jour, le jardin, qui est grand comme une terre, est tout sarclé. Petit-Jean fait plus d'ouvrage pendant une nuit que les cinquante jardiniers pendant une semaine. Le roi appelle les cinquante jardiniers, les paie et leur dit de s'en aller, vu qu'il garde seulement Petit-Jean, pour avoir soin de son jardin.

Pendant tout ce temps-là, le roi voulait marier sa princesse au Prince-fendant, mais elle, pendant un an et un jour, s'attendait de voir revenir Petit-Jean.

Le roi avait deux autres filles plus âgées que la princesse, et il voulait les marier toutes les trois en même temps. L'aînée devait se marier dans un an moins un jour, la deuxième dans un an juste, et la Belleprincesse dans un an et un jour, après le temps demandé.

Le temps étant arrivé pour son mariage, l'aînée fait demander à son père toutes les roses de son jardin. Pierrot, le domestique, va les chercher; il y en avait mille. Le roi dit: "La plus vieille de mes filles appartiendra à celui qui m'apportera autant de roses qu'il y en a dans mon jardin." L'aîné de ses frères vient trouver Petit-Jean, et, ne le connaissant pas, lui dit: "Beau jardinier, voulez-vous me faire un bouquet de mille roses, pour la princesse? Aussitôt que je serai marié, je vous donnerai ce que vous voudrez." Petit-Jean lui dit que ça n'est pas possible, parce que le roi a demandé toutes les roses de son jardin. Le prince est bien chagrin. Petit-Jean se fait connaître à lui et lui dit: "Demain matin, à sept heures, tu auras tes mille roses." Aussitôt le soleil couché, Petit-Jean prend son cor merveilleux, en fait sortir mille hommes, à qui il ordonne d'aller chacun de leur côté et de lui rapporter chacun une rose. Le lendemain matin, à sept heures, il donne à son frère un bouquet de mille roses. Lorsque la princesse vient pour faire son choix, entre tous les princes elle préfère le frère de Petit-Jean, qui avait les mille roses.

Le

Le lendemain, c'est le tour de la deuxième princesse, qui, elle, fait demander toutes les fleurs du jardin. Pierrot va les chercher; il y en avait deux mille. Le second frère de Petit-Jean vient le trouver et lui demande deux mille fleurs, afin d'être choisi par la princesse. PetitJean lui dit: "Tu les auras demain matin, à sept heures sonnant." soir, après soleil couché, il prend son cor merveilleux, en fait sortir deux mille hommes, et les envoie chercher chacun une fleur, qu'ils lui apportent. Il les donne à son frère, à sept heures du matin. La princesse vient faire son choix, et elle prend pour mari le second frère de PetitJean.

La Belle-princesse, le jour de son mariage arrivé, se doute bien qu'il y a quelque chose de peu naturel chez le jardinier de son père. Elle envoie Pierrot lui dire de lui apporter toutes les fleurs du jardin, et de les apporter lui-même, à sa chambre. Petit-Jean arrive avec trois mille roses; il y avait mis des grappes d'or du jardin de la fée; ça faisait un 'beau bouquet, je vous le dis!' La princesse le reconnaît tout de suite. Elle dit: "Mon Petit-Jean, le Prince-fendant pense bien m'avoir en mariage aujourd'hui, mais c'est toi que je choisirai."

Elle demande à son père de faire venir tous les jeunes gens du royaume, pour faire son choix. Le roi assemble les princes, les comtes, les

marquis; il y en a bien cinq cents. La princesse s'avance, mais elle n'aperçoit pas son Petit-Jean. Elle dit: "Sire le roi, mon père, ce n'est pas franc. Je vous avais demandé de faire venir tous les jeunes gens, et il n'y a que des princes, des marquis et des comtes. Faites venir tout le monde, les grands et les petits, les beaux et les laids; qu'ils soient tortus ou bossus, ça ne fait pas de différence; et je ferai mon choix." Ne pouvant rien refuser à sa fille, le roi fait venir tout le monde. Petit-Jean se trouve à côté du Prince-fendant. La princesse arrive et s'en va de ce côté-là. Le Prince-fendant pense bien que c'est lui qui va être choisi. Mais la princesse salue Petit-Jean, et l'emmène avec elle. Le Prince-fendant ne se possède pas. Il dit: "Sire le roi, c'est une insulte à vous et à moi: votre princesse prend votre jardinier! A votre place, je ne lui donnerais pas autre chose qu'une paillasse pour héritage, et je l'enverrais avec son amoureux, pour ne jamais les revoir."

Le roi donne à sa princesse une paillasse, un tombereau et un vieux cheval boiteux, dont les os percent la peau; et il les envoie au château des Quatorze-lieues ainsi appelé parce que le château se trouvait à quatorze lieues de là. Il leur dit qu'il ne voulait plus les revoir.

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Petit-Jean et sa princesse partent avec leur vieux cheval, leur tombereau et leur paillasse et s'en vont au château des Quatorze-lieues. Petit-Jean n'est pas en peine, car il a sa serviette magique, son cor merveilleux et son sabre de sept lieues.

Le lendemain matin, il voit arriver au château le serviteur Pierrot. Ayant craint qu'ils meurent de faim, la reine avait décidé le roi à envoyer leur praie (proie), de quoi manger.

Petit-Jean s'était déjà acheté deux beaux chiens, qu'il nommait Boulé et Pataud. Il les appelle et dit à Pierrot: "Le roi envoie du manger pour mes chiens; jette-le leur à terre, qu'ils le mangent.' Pierrot tourne le plat à l'envers, et les chiens mangent tout; il s'en retourne bien confus et raconte au roi ce qui lui est arrivé. Le roi dit: "Ce n'est pas possible!" Le lendemain, il renvoie Pierrot avec du manger pour la journée. Petit-Jean appelle encore ses chiens, pour qu'ils mangent tout. Il dit à Pierrot: "Tu apprendras au roi que je n'ai pas besoin des restants de sa table pour manger; j'en ai assez pour donner à manger à mes chiens; si tu as faim, Pierrot, passe par la cuisine, avant de repartir."

Le Prince-fendant, qui était resté chez le roi, dit: "Pierrot ne dit. peut-être pas vrai; je vais aller voir ce qui en est." Il part, le lendemain matin, avec Pierrot. Il aperçoit Petit-Jean qui fait manger à ses chiens les vivres que le roi lui envoie. Il raconte ça au roi et lui dit: "A votre place, je les chasserais de ce château; car c'est une insulte qu'ils vous font de refuser le manger que vous leur envoyez par bonté." Le roi se rend au château des Quatorze-lieues, qu'il fait fermer par ses

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