Obrázky stránek
PDF
ePub

PHOTOGRAPHIES DE GENS ET DE CHOSES DU TERROIR CANADIEN,

Par C.-MARIUS BARBEAU.

Les photographies que nous reproduisons ici forment partie de notre collection d'environ huit cents sujets observés, de 1915 a 1919, dans les comtés de Québec, Montmorency, Charlevoix, Témiscouata et Gaspé, et déposée dans les archives de la Section d'anthropologie, au Musée Victoria, Ottawa.

[ocr errors]

I a. Eglise paroissiale de Château-Richer (Montmorency), en 1919;

I b. La "Petite-ferme" du Séminaire de Québec, à Saint-Joachim (Montmorency); à droite, le fleuve Saint-Laurent; à gauche, le CapTourmente (1919);

I c. - Le village de Château-Richer, dans sa partie nord-est (1919). II a. - Le Cap-Chattes (Gaspé), en 1918;

II b. - Percé (Gaspé), village de pêcheurs; le "rocher percé" est ici pris de côté (Photo. Jos. Keele);

III c. Le village de Percé, avec ses salines et ses barques pêcheuses (Photo. Keele).

III a. Partie est de Sainte-Anne-des-Monts (Gaspé); au loin, L'Echouerie, le Ruisseau-à-patates; au bout de la pointe, La Tourelle - petits villages de pêcheurs de morue (1918);

III b. La chapelle du Petit-cap (Montmorency), construite vers 1780, près du Château-Bellevue — propriété seigneuriale du Séminaire de Québec (1919);

III c. La Petite-tourelle ou Petite-chunée, au Chemin-neuf, près des Sauteux (Gaspé) (1918);

IV a. Le "Trou-des-fées," une caverne de petites dimensions, près de la "grande tourelle," à La Tourelle (Gaspé), en 1918;

IV b.

Le vieux moulin à farine et à scie, à Saint-Joachim (Montmorency), en 1919;

[ocr errors]

IV c. Le Rocher-malin - anciennement hanté par Charlot, le diable, à Notre-Dame-du-Portage (Témiscouata), en 1918.

Va.- Un voyage de "rouche" ou "foin de mer," au Petit-Cap (Montmorency); ici, les bœufs sont attelés "à cornes;"

V b.-M. Vincent Lessard, vieux cultivateur de Saint-Joachim (Montmorency), vêtu d' 'étoffe du pays,' avec une gerbe sous le bras, au temps de la moisson (1919);

V c. M. Lessard, sa femme et ses sœurs, comme ils partaient, le midi, pour les champs (1919).

VI a. - Vieille maison à encorbellement, abandonnée, à SaintAndré (Kamouraska), en 1918;

VI b. Maison de M. Michaud, cultivateur, à Saint-André (Kamouraska); cette maison, vers 1867, appartenait au premier député du comté au Parlement fédéral, après la Confédération; photographiée en 1918;

VI c. Vieille maison de pierre, à l'usage des ouvriers de la Petiteferme du Séminaire, à Saint-Joachim (Montmorency), en 1919;

VII a. — Vieille maison abandonnée, sur le chemin de la JeuneLorette à l'Ancienne-Lorette (Québec), en 1919;

VII b. Vieille maison, près de Saint-Hyacinthe, construite en pierre des champs (Photo. Jos. Keele, en 1912);

VII c. La maison du gardien, au Château-Bellevue, Petit-Cap (Montmorency), construite vers 1780; la ligne qu'on observe audessus des lucarnes est un trait particulier à quelques toits datant du dix-huitième siècle, sur la Côte-de-Beaupré; elle correspond à la disposition des chevrons, à l'intérieur (1919);

VIII a. Grange, avec pont pour l'étage supérieur, et moulin à vent dont on a enlevé les vergues, pour l'été; ce moulin à vent fixe, tourné vers le nord, servait, comme les autres du même genre, à actionner une machine à battre les grains, disposée à l'intérieur de la grange, dans la batterie; à Saint-André (Kamouraska), en 1918;

VIII b. - Grange avec colonnade, écouilleaux - toit construit d'une manière particulière et soupirail horizontal; à Saint-André (Kamouraska), en 1918;

[ocr errors]

VIII c. Ecurie dont le mode de construction semble particulier au comté de Québec; observée sur les hauteurs de Beauport (Québec), en 1919;

IX a. Jeune paysanne, à Saint-Ferréol (Montmorency), chaussée de 'bottes sauvages' à longs clous (1919);

IX b. Mme Isaïe Simard, à Saint-Ferréol; sur la galerie, on voit de la 'flanelle du pays,' un vieux fanal à bougie, et un 'moulin à beurre' (1919);

IX c.

[ocr errors]

Vieille grange en poutres écarries; en avant, un cabarouet à ressorts, à Saint-Joachim (Montmorency), en 1919;

X a. Vieille grange de plus de cent ans en cèdre, avec couverture en chaume, à la mode de Charlevoix; à Saint-Joseph (Charlevoix), en 1916;

X b. - Lit à rideaux, avec 'courte-pointe' en 'flanelle du pays,' à Saint-Joachim (Montmorency), en 1919;

X c. Chaise berceuse, ornée de dessins anciens; faite par Joseph Ouellet, un pêcheur, à La Tourelle (Gaspé); photographiée en 1918; XI a. - Vieux couvre-pied en 'frappé,' avec dessins anciens; tissé, il y a longtemps, chez Mme Caron, à Saint-André (Kamouraska); photographié en 1918;

XI b. - Mme Luc April, de Notre-Dame-du-Portage (Témiscouata), à son rouet, son dévidoir et son ourdissoir; en arrière d'elle, les chaudières à lait (1918);

XI c. Rouet à canelles, sur lequel on prépare les canelles (ou bobines) pour le métier à tisser; ce rouet primitif, que l'on fait tourner à la main, se trouvait sur les entraits de la maison des ouvriers, à la Petite-ferme du Séminaire (Saint-Joachim, Montmorency), en 1919; XII a. Ouvriers qui retournent à leur domicile, le soir, traînés par leurs chiens; à Chouayen (Québec), en 1919;

XII b. Une vieille villageoise, à Montmorency, en 1919;

XII c. Le "père Pape" (Giroux), "le père des Pape," au Rocher, à Saint-François (Beauce), avec sa tuque et son gilet 'd'étoffe du pays.' Cette photographie fut prise il y a plusieurs années;

XIII a. M. Alcide Léveillé, ancien cultivateur, rentier, à NotreDame-du-Portage (Témiscouata), qui nous a chanté plus de cent chansons populaires (1918);

-

XIII b. Trois vieilles femmes, à Saint-Ferréol (Montmorency), en 1919;

XIII c. Le grand-père, la grand'mère Pierre Dugas et quelquesuns de leurs petits enfants, au Ruisseau-à-patates (Gaspé). M. Dugas, descendant de parents acadiens, est décédé, ainsi que Mme Dugas, peu de temps après que nous eûmes pris leur photographie, à l'âge de 93 et de 88 ans, respectivement (1918);

XIV a. François Saint-Laurent, pêcheur et cultivateur de La Tourelle (Gaspé); conteur et chanteur dont la mémoire est phénoménale; photographié en 1918;

XIV b. Salomon Nadeau, de 87 ans, à Notre-Dame-du-Portage (Témiscouata);

-

XIV c. Prudent Sioui, un métis huron de la Jeune-Lorette (Québec), de qui nous avons recueilli nos premiers contes canadiens, en 1914 (Voir JAFL, 29, 1916);

XIV d. — Paul Patry, cultivateur à Saint-Victor (Beauce), de qui nous avons recueilli des contes, en 1914; alors âgé de 82 ans (1914); XV a. Elizabeth Tremblay, chanteuse et conteuse, des Eboulements (Charlevoix); âgée de 85 ans, en 1916;

XV b. Isaïe Vallée, pêcheur, au Chemin-neuf (Gaspé), en 1918; XV c.-Luc April, cultivateur, à Notre-Dame-du-Portage, de qui nous avons recueilli des chansons populaires, en 1918;

XV d. Charles Barbeau, de Sainte-Marie (Beauce), âgé de 72 ans, en 1916, de qui nous avons recueilli diverses traditions populaires.

OTTAWA, Canada.

NOTES ET ENQUÊTES.

LA MACARONÉE de Michel Morin; une auTRE VERSION CANADIENNE.Après la publication de la Notice sur Michel Morin (JAFL, 32 [1919], 123: 183-184), où notre correspondant A. G. croyait démontrer l'origine canadienne des récits facétieux sur Michel Morin parus au JAFL (29 : 126; 30 141), nous reçumes la communication suivante de M. Aegidius Fauteux, un de nos membres: ". . . Je la croyais (cette macaronée) plutôt d'origine française. Je viens de retrouver la référence sur laquelle je me basais. Si vous consultez le vol. XVII du Bulletin des Recherches Historiques (Lévis, Qué.), p. 159, vous y trouverez un texte de la macaronée de Michel Morin, reproduit de l'Apis romana de la Rochelle, en 1878. On croit que le premier auteur en fut Bernard de la Monnoye."

Comme nous ne pouvons pas encore retracer avec précision l'histoire de cette facétie au Canada, ni affirmer si elle y est entrée exclusivement par voie de feuillets imprimés ou avec la tradition orale, il suffira pour le moment de dire à nos lecteurs qu'elle est de source assez ancienne, puisqu'elle reste à peu près identiquement la même de fond et de forme que la macaronée semi-latine du seizième siècle sur Michel Morin. (Pour plus de détails, nous renvoyons nos lecteurs au mot macaronée des grands dictionnaires). A nos cinq ou six variantes, déjà publiées au JAFL, sont venues, depuis 1918, s'ajouter trois versions inédites, dont nous ne publierons qu'une, cette année, celle de Salomon Nadeau, âgé de 88 ans en 1918, de NotreDame-du-Portage (Témiscouata). Nadeau nous dit avoir appris cette version, vers l'âge de quinze ans, à la lecture d'un petit livret imprimé ne contenant que ce monologue, que lui avait prêté pendant quelques heures une vieille voisine.

MICHEL MORIN.

Un jour, j'étais dans le haut du clos de Jean Michaud. J'aperçus un lièvre. Je le coura, le tua, l'emporta, le fricassa, et le mangea. C'est par ce sujet que je fus appelé Mis'homo. Mis'homo, ça voulait bien dire l'homme à tout faire. Mais il était bien l'homme à tout faire, puisqu'il tuait, fricassait son gibier, et le mangeait. Sa grand' mère disait toujours: "Si cet enfant-là avait eu de l'éducation, ça aurait été le plus savant de la terre, s'il avait été capable."

Un jour, Michel Morin ayant vu deux petits garçons qui se battaient pour des prunes-les deux gueux s'arrachaient les cheveux-. Michel Morin saute la clôture, zès! le voilà passé. Une tape à un, un soufflet à l'autre, de manière donc qu'il les sépâra. Ça fut par là qu'on connut que Michel Morin avait de la charité pour son prochain.

Michel Morin était un des grands officiers de l'église. Un jour qu'il était dans le banc d'œuvre, il s'aperçut que les moineaux faisaient leur nid dans la voûte de l'église. Lui, il prend la perche avec quoi on abattait les fils d'araignées, petinti petinton, vardindi vardindon: "Tu sortiras ou t'en iras!" Jette le nic de moineaux à bas. Il se revire devers le peuple: "Et vous tous, bande de bêtes, excepté le prêtre moi qui n'entends ni

[ocr errors]

messe ni sermon. curé qui prêchait.

[ocr errors][merged small][merged small]

Je ne sais pas, par exemple, si c'était un vendredi ou un samedi ou la veille d'une fête; [toujours,] c'était maigre. Michel Morin, deux de ses amis et moi, se trouvaient bien en peine pour le recevoir, comme on était en temps maigre. Michel Morin se dépouilla et se jeta à l'eau. On le crut noyé, mais point du tout. Michel Morin ressortit avec deux grands filets longs, longs comme d'ici à demain. Il se mit à repasser son couteau sur le pavé, vrichte vrochte, brichte brèchte. En y repassant les bosses et les brèches, Michel Morin s'en fait une gibelotte qu'on s'en suçait les quatre doigts et le pouce.

"J'avais un bel âne," dit-il, Michel Morin; il était d'une bonne race; c'est bien assûré, puisque sa mâchoire a servi à tuer Caën. Un jour, ma femme voulut faire la lessive. La blanchisseuse s'en vint me trouver. Elle me dit: "C'est pas ça, compère!- Ce qu'il y a donc, commère? - Il y a bien loin à porter le linge à la grenouillière. Si vous me prêtiez votre bel âne, mais nous le mettrions à la charette et ça serait bien plus tôt faite. Mais prenez-le, commère!" On le prend, on le met à la charrette.

-"C'est pas ça, compère!- Ce qu'il y a donc, commère? - Votre bel âne, en voulant passer le fosset' de Qualbec, s'est embourbé depuis la queue jusqu'au bec. C'est pas ça, compère!- Qu'est-ce qu'il y a donc, commère?— Il est mort, votre bel âne. -Oh! pleurez, pleurez, mes yeux, versez autant de larmes comme la fontaine Amaritaire à versé d'eau!" Ah! bien démonté, Michel Morin, qui aimait tant le bel âne. "C'est pas ça, compère! -Ce qu'il y a donc, commère?-Qui prendrons-nous pour le porter en terre? Nous prendrons Jacques et Jacqueline, Pierre et Mecline." Nous l'avons porté sur l'île de Mecline. Nous lui avons levé la peau et ôté ses sabots. Et la viande, les chiens en ont fait leur partage.

Ah! pauvre Michel Morin, il n'a pas vécu longtemps après la mort de son bel âne; par une triste aventure, pour une chopine d'eau-de-vie avoir perdu sa vie, en dénichetant des pies! Un jour, Michel Morin gagea avec son voisin qu'il était capable d'aller dénicheter un nic de pies, dans le haut de l'âbe Massistoire, situé à la Croix de Pierre Corpière. Il y fut aussi. Mais malheur à lui; il a monté sans échelle. Il criait: "Victoire, mon voisin! J'ai gagné. Attends un peu, nous allons la boire ensemble." Michel Morin se presse un peu de descendre de branche en branche. La branche a cassé; Michel Morin a tombé 'aut en bas, s'est cassé les reins. Pauvre diable, c'est bien de valeur! "Vite, vite, à moi!" a crié Michel Morin; "Avant qu'on me porte au monument, qu'on m'amène ma femme, mes enfants, que je fasse mon testament. Et avant qu'on me porte en terre, qu'on m'amène monsieur le notaire. . . . Monsieur le notaire, prenez du plus beau et du plus fin parchemin. . . . Je donne à ma femme trois pièces de terre et une maison de pierre. Chut! mon mari, nous avons rien. Mais chut! ma femme; est-ce que nous n'avons pas deux vieux pots, dans notre grenier? Est-ce que nous n'avons pas un pot sous notre lit de chambre? Cela est de terre. — Oui, mon mari. — Est-ce que nous n'avons pas une cheminée de pierre? Est-ce que cela ne fait pas trois pièces de terre, puis une maison de pierre?— Oui, mon mari; merci, mon mari! - Ecrivez, notaire! je donne à ma fille mon cœur, ma voix, mon estomac. Au surplus de tout ça, mon sac à tabac. Marie-toi quand tu

« PředchozíPokračovat »