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voudras, je consens à ton mariage. Le jour de ton contrat, tu resteras fille tant que tu voudras.—Merci, mon père! — Ecrivez, notaire! Je donne à mon fils aîné ma hache à tout faire. Quand je la tenais entre les quatre doigts et le pouce, je coupais un orme en quatre coups. — Merci, mon père! — Je donne à mon petit-fils Pierrot ma sarpe à faire des fagots. Mais, mon petit-fils Pierrot, fais des fagots en conscience. Ne t'amuse pas à faire des fagots fagotages, remplis que de feuilles et de feuillages, ni de ces fagots de rondins, pour te dégourdir les reins. Fais des fagots de cabaret, qui durent une heure et demie à peu près. Fagoti fagotier, de tous bords et de tous côtés, dans toute la science. Tu passeras pour le meilleur fagoteur de France."

...

Le notaire se mit à dire: "Mais, Michel Morin, badinez-vous? Qui écrirait tous vos desseins . . . on en ferait un livre. Que votre petit-fils Pierrot les fasse petits ou gros, ses fagots, qu'est-ce que ça me fait, à moi? — Ecrivez, écrivez, notaire! C'est moi qui vous paie sans crédit. Ecrivez à ma mode et je vous paierai en méthode." Le notaire se met à dire: "Je vas toujours écrire, quand bien même je gâterais l'ouvrage. Il reste toujours bien assez de gens ici présents pour corriger ce testament." Le notaire écrit. Le filleux (de Michel Morin) s'approche: "Et moi, mon parrain, j'aurai donc rien? — Toi, mon filleux, je te donne autant d'eau dans la rivière comme tu pourras en boire, puis trois sacs de grain qui te rendront bien à Pâques. Merci, mon parrain. Excusez, mon parrain! Où-c'que je prendrai ces trois sacs de grain? — Attends, attends, mon filleux, à la récolte prochaine. Quand toutes les gerbes seront levées, un épi cassé, un brin égréné, d'un bord et de l'autre . . ., tu ramasseras bien trois sacs de grain qui te rendront à Pâques. · Merci, mon parrain. — Ecrivez, notaire!" Sa servante s'approche: "Et moi, Michel Morin et mon maître . . . Depuis dix ans que je suis à votre service, j'aurai donc rien? Avance, avance, ma grande Claudine, avec tes grands babines. Depuis le temps que tu fais la cuisine, j'ai encore du bon pour toi. Tu iras dans le bas de mon armoire. Il y a deux œufs de ma grosse poule noire. Avec le suif, t'en feras la chandelle; le bouillon, ça sera pour ton carême. Ça ne te figera pas sur le cœur. . . .

...

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Pauvre Michel Morin, il a fini de faire ses dons. A l'heure de la mort, gigottait des pieds, des bras; il ruait, il faisait tous les temps. "Ah! ah! je vaincrai la mort. Qu'on m'apporte ma perche avec quoi j'abattais les fils d'araignée. . . . Mais Michel Morin eut beau gigotter des pieds et des bras, il est mort, Michel Morin. . . .

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Pauvre Michel Morin, un quart d'heure avant sa mort, on aurait juré qu'il vivait encore. Pauv' Michel Morin! C'était un homme qui a été regretté, Michel Morin, allez! C'était un homme désennuyant. Il était toujours à nous parler du roi et de la reine, ses oncles, ses tantes, ses cousins, ses cousines. Il me semble toujours de le voir avec sa petite mine riante. Ça n'oppose pas pourtant que c'était un homme qui buvait toujours à mon compte. Il était de la compagnie de la Bourse-légarte. Il se retirait au large, crainte de rester pour gage; ou il déchargeait le plancher, crainte de payer.

OTTAWA, CANADA

C.-M. BARBeau.

LA FACÉTIE DES "TROIS RÈVES;" UNE AUTRE VERSION CANADIENNE.

La version qui suit (voir JAFL, 30 [1917]: 378-410, et 32 [1919], 123: 178-180) nous fut communiquée en 1919 par M. Alphonse Gagnon, de Québec. Elle vient de M. Alexandre Fraser (Québec), qui ne peut se souvenir au juste où il l'a apprise — probablement à la Rivière-du-Loup (Témiscouata), où il est né. — Ed.

Un bon curé était si aimé de ses paroissiens que ceux-ci cherchaient toujours à lui faire plaisir. Au temps des boucheries, rôtis de porc frais, tourtières et boudins prenaient le chemin du presbytère; c'était surtout à la veille des grandes fêtes qu'on était généreux.

La veille du jour de Noël, le bedeau était si émerveillé des cadeaux des paroissiens qu'il courut au-devant du curé, qui sortait de la sacrestie: "Venez voir ça, M. le curé!" Le curé fut émerveillé lui aussi, et il y avait de quoi: deux beaux rôtis de porc frais, deux volailles, deux tourtières, de la galette au beurre, un plat de boudin et, encore mieux, une belle nourolle1 recouverte de sucreries. "Ecoutez, M. le curé, dit le bedeau, il me semble que je dois avoir ma part là-dedans, puisque, dans le service de l'église, j'en fais presque autant que vous: c'est moi qui sonne l'angélus, qui sonne les heures les offices, le dimanche et la semaine, qui entretiens l'église, qui creuse les fossess, et. . . . "-"Ecoute, reprend le curé, je reconnais tes services et je ne serai pas mesquin: voici deux rôtis, prends-en un; deux volailles, prends-en une; deux tourtières, prends-en une; quant au boudin, tu peux tout le prendre, je n'en mange pas; mais pour la nourolle, on ne peut pas la diviser sans la briser. Si tu veux dire comme moi, celui de nous deux qui, demain matin, aura fait le plus beau rève, aura la nourolle. Ça te va-t-il, mon bedeau?" Le bedeau pencha la tête sans dire un mot; il savait qu'il n'avait jamais rêvé de sa vie. Il finit par accepter.

Ils allèrent se coucher. Quand le bedeau entendit le curé ronfler, il résolut d'aller voir la nourolle une dernière fois, puisqu'il ne pouvait s'attendre de rêver. En la revoyant, il fut tenté: "Si j'en prends une petite cornière, ça n'y paraîtra pas." Il prit une petite cornière, puis une autre et encore une autre. Il finit par manger toute la nourolle.

Le matin, en sortant de sa chambre, le curé se trouve face à face avec son bedeau. "Qu'as-tu rêvé, mon bedeau?". "Parlez le premier, M. le curé; ça vous appartient." - "Eh bien! j'ai rêvé que la sainte Vierge, accompagnée d'anges et suivie d'une fanfare, était venue me chercher pour m'emmener au ciel à travers les nuages. . . . Tu n'as pas l'air de me croire, mon bedeau?" "C'est bien aisé de vous croire, M. le curé, car j'ai entendu la fanfare, et je suis sorti nu-pieds sur le perron; je vous ai vu monter au ciel soutenu par la sainte Vierge. Là, je me suis dit: 'Il est bien chanceux, ce curé-là; il l'a bien mérité;' puis, en rentrant, j'ai pensé: il ne s'occupera plus de la nourolle, à présent. Et . . . je l'ai mangée." Binette du curé!

QUÉBEC, CANADA

ALPHONSE GAGNON.

1 Nourolle, pâtisserie faite de farine, de beurre et d'œufs, ne semble pas partout connue de Québec; du moins elle ne l'est plus sous ce nom, aujourd'hui. M. Gagnon croit l'avoir entendu dans sa paroisse natale, à Saint-Jean-Port-Joli, et M. Fraser, à la Rivière-duLoup; une des sœurs de M. Fraser, âgée de 85 ans, rapporte que, lors de son entrée chez les religieuses, il y a plus de cinquante ans, la cuisinière disait souventqu'elle allait servir des nourolles pour le déjeuner. M. Gagnon ajoute: "Il semble que cette expression est disparue de l'usage depuis longtemps."

SÉANCE ANNUELLE DE LA SECTION DE QUÉBEC. La troisième séance annuelle eut lieu le premier de mai, à Québec, dans la salle de la Société du Parler français, à l'Université Laval.

Conseil élu pour 1920-21: Patron, Sir Lomer Gouin; président, M. E.-Z. Massicotte; vice-président, M. Adjutor Rivard; conseillers, MM. Victor Morin, Adélard Lambert, Aegidius Fauteux, Edmond Montet, Emile Vaillancourt, Damase Potvin, Georges Marquis, et Me Malvina Tremblay; sécrétaire, M. Marius Barbeau; trésorier, M. Jules Tremblay.

Le Sécrétaire décrivit les travaux accomplis pendant l'année, et dont voici un résumé: La livraison française pour 1920 du The Journal of American Folk-Lore fut remise en mars au D' Boas; elle comprend des anecdotes, des rimettes, des formulettes, des chansons populaires, le blason et la géographie populaires de quelques districts de Québec. Le volume des "Veillées du bon vieux temps," publié sous les auspices de la Société historique de Montréal et de la Section de Québec, vient de paraître. Les études de folklore n'ayant pas, par le passé, été reconnues comme formant partie des travaux courants de la Section d'anthropologie (Geological Survey), nous n'en avons que dans une faible mesure obtenu le concours actif. Comme ce domaine a récemment été incorporé à nos recherches anthropologiques officielles, nous espérons qu'il s'ensuivra des progrès plus rapides. Ce n'est pas tout de recueillir les traditions populaires; il faut aussi pourvoir à leur publication, et, à cette fin, il faut prélever les fonds nécessaires. Les "Veillées du bon vieux temps," ou soirées de traditions populaires données à Montréal en 1919, ont eu un tel succès qu'elles nous ont suggéré un moyen de résoudre nos difficultés financières les plus pressantes; nous donnons donc, en avril et en mai 1920, une nouvelle série de Veillées, à Montréal, à Québec, à Ottawa et à New-York. (Les récettes obtenues de cette source, au bénifice des sections canadiennes de la Société de folklore d'Amérique, se sont élevées à environ $800.)

Avec l'approbation de ses collègues, M. Adjutor Rivard a suggéré que la Section de Québec s'incorpore bientôt, qu'elle cherche à obtenir le concours des anciens collaborateurs régionaux de la Société du Parler français, et enfin, qu'elle se hâte de recueillir bien des traditions qui sont à la veille de s'éteindre.

D'après le rapport du Sécrétaire, les collections de traditions orales de Québec, obtenues depuis avril 1919, et conservées par la Section d'anthropologie (Ottawa), comprennent:

Collection Massicotte. 243 textes de chansons recueillis à Montréal; 183 mélodies des mêmes textes recueillies au phonographe; deux contes; de 6 à 8 textes de nature variée; environ 30 photographies de chanteurs ou de faits technologiques; 2 vieux chansonniers; un cahier ancien d'airs de danse pour violon; 30 textes de chansons imprimées dans des journaux du Canada; devinettes, formulettes, etc.

Collection Barbeau. - 78 anecdotes populaires recueillies à Lorette (Québec), à la Beauce et à Montréal; 25 formulettes et dictons; 5 contes; 15 airs de chansons recueillis à l'oreille; 9 airs pour violon, recueillis de la même manière; environ 400 photographies se rapportant au folklore de Montmorency et de Québec; données sur la technologie, etc.; deux chansonniers datant de 1878.

Collection Archange Godbout.

188 textes de chansons provenant, en

partie, de Portneuf; un manuscrit de chansons préparé pour The Journal of American Folk-Lore.

Collection Adélard Lambert.

41 textes et mélodies de chansons provenant

de Berthier et recueillis à Manchester, N. H.; un conte.

Collection J.-E. A. Cloutier. - 5 anecdotes du Cap-Saint-Ignace (L'Islet); 2 textes de chansons.

Collection Gustave Lanctôt. 10 textes de chansons de Laprairie; une récette populaire.

Collection A.-J. Mount-Duckett.

12 chansons notées dans un vieux

chansonnier; un petit nombre de formulettes et de rimettes.

Collection A. Guillot.· 5 textes de chansons (Ottawa).

Collection Laurent Beaudry. — 5 textes de chansons (Saint-Hyacinthe). Collection Georges Mercure. 5 anecdotes de Portneuf et de la PointeGatineau (Wright).

Quelques pièces furent aussi reçues de MM. Emile Vaillancourt, J.-B. Gareau, Joseph Hébert et Alphonse Gagnon.

C.-M. B.

Sécrétaire, Section de Québec.

OTTAWA, CANADA

ANNUAL MEETING OF THE ONTARIO BRANCH. Although organized in 1918, the Ontario Branch held its first annual meeting only this year (1920), on May the 20th, at the Victoria Memorial Museum, Ottawa, in conjunction with Section II of the Royal Society of Canada.

Officers elected for the forthcoming year: President, Dr. Edward Sapir; Vice-president, Dr. J. H. Coyne; Councillors, J. F. Kenney, Loraine Wyman, G. Lanctôt, W. J. Wintemberg, Geo. E. Laidlaw, J. A. Teit, F. W. Waugh; Secretary, C. M. Barbeau; Treasurer, D. Jenness.

Four papers were read, at the meeting, as follows: The Life of a Nootka Indian, by Dr. E. Sapir; The "blond" Eskimo, by D. Jenness; The Legend of Saint Brendan, by J. F. Kenney; A visit to the Fisher-folk of Gaspé, by C. M. Barbeau.

In his report, the Secretary reviewed the activities of the Branch since its inception: the collection of data; the publication of about 200 pages of Canadian-English, Irish and Scandinavian materials in The Journal of American Folk-Lore, in 1918; two series of local meetings and lectures, held in Ottawa, from 1918 to 1920; and the means adopted to enable the Branch to share in the Society's financial burdens (that is, membership dues, the sale of "Canadian Folk-Lore" — a reprint from the JAFL—, and the yearly grant of $100, since 1919, from the Department of Education, Toronto).

Canadian-English, Irish and Scandinavian collections of folk-lore data, in the keeping of the Ontario Branch and deposited at the Victoria Memorial Museum, Division of Anthropology, Ottawa:

The Waugh (F. W.) Collection. 838 formulæ, omens, beliefs, rhymes and riddles recorded in Ontario; 5 songs and ballads; 16 "noodle" stories. The Wintemberg (W. J.) Collection. - 653 rhymes, omens, sayings, games and kindred materials from various Ontario counties; 15 songs and ballads; a few rigmaroles and tales.

The Barbeau (C.M.) Collection. 20 folk-songs with texts and phonograph

records, from Tadousac, other parts of Quebec, and Ottawa; formulæ, sayings, etc.

The Bleakney (F.E.) Collection.

23 songs, formulæ and games, from Ottawa (melodies recorded by C. M. B). The Teit (J.A.) Collection. "Water beings in Shetlandic folk-lore, as remembered by Shetlanders in British Columbia;" and a considerable collection of English-Canadian sayings, omens, rhymes, etc. recently obtained but not yet received.

The Mount-Duckett (A.J.) Collection. Songs copied from an old MS book, written about 1860, in Western Quebec, not many of which are folksongs; also a few formulæ, rhymes and kindred materials.

The Wyman (Loraine) Collection. and melody, recorded in Quebec City.

Two ballads (English), with text

A considerable part of the above-listed data were published in the first two numbers of the JAFL for 1918 and reprinted under the title of "Canadian Folk-Lore."

In the course of the discussion on the coming year's activities, it was pointed out that while, in the past, folk-lore work had no regular status in the Anthropological Division of the Geological Survey, it had recently been incorporated in the division's official pursuits, which would undoubtedly lead to further progress in folk-lore investigation. As an immediate result it was suggested that a member of the Anthropological Division should at an early date carry on research among the Irish settlers of the Gatineau and the Ottawa valley. It was also tentatively decided to organize a series of public lectures, in Ottawa, for the winter of 1920-21, and give a folk-lore concert.

C. M. B.
Secretary, Ontario Branch.

OTTAWA, CANADA

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