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vous que je mette ma vache dans votre étable?"

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"Oui, monsieur." Il s'en va [faire une promenade,] après avoir dit à la petite fille: "Tu soigneras ma vache; tu lui donneras des feuilles de chou, à ras le four." La petite fille avait compris "sous le four." Elle emmène la vache. La vache n'a pas pu manger sous le four. La petite fille bat la vache, bat la vache, tue la vache. Robert arrive. La femme dit: "Monsieur,

il vous est arrivé une rude malchance. Ma petite fille a été tuer votre vache." — "Me faut la petite fille ou bien la vache; me faut la petite fille ou bien la vache." - "Prenez ma petite fille, qu'on ne vous revoie plus jamais."

Robert met la petite fille dans un sac. Il part et il arrive à une autre maison, chez la marraine de la petite fille. "Madame, voulezvous que je mette mon sac dans votre escalier?" "Oui, monsieur."

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Il met le sac dans l'escalier et il va [faire une promenade]. Les gens de la maison mangeaient de la bouillie. Les enfants. disent: "Maman, que la bouillie est bonne!" Dans le sac, la petite fille dit: "Si j'en avais, de la bouillie, ma marraine, j'en mangerais bien." La femme va voir dans le sac; elle trouve sa fillole. Elle la cache sous un lit avec trois grosses assiettées de bouillie, et elle met dans le sac, à sa place, trois gros chats.

Robert arrive. La femme dit: "Monsieur, il ne vous a pas arrivé de malchance."-"C'est bien!" Il prend son sac; il part. Après avoir marché un petit bout, il dit: "[Qu'est-ce que ma petite fille a à grouiller, donc?" Il regarde dans le sac; les trois gros chats lui sautent au cou, l'étranglent.

C'était bien bon pour Robert.

91. LE SPECTRE.2
(Anecdote.)

La veille de Noël au soir, plusieurs habitants des Eboulements se trouvaient à Québec. Un vieillard de Beauport était là, avec eux, à fumer sa pipe.

Comme personne ne parlait, un gars des Eboulements dit: "Le père! racontez-nous donc quelque chose." Le bonhomme d'abord ne veut pas parler, il se fait prier. Mais il finit par dire:

Enfin! comme on se trouve ici un jour comme aujourd'hui, je vas vous raconter une petite histoire. Voilà trente ans qu'est arrivé cet événement-là, à Beauport, où je suis né et où j'ai toujours demeuré.

Un jour de la veille de Noël, me voilà pris ici à Québec, pour des affaires de familles, qui se trouvaient entre les mains d'un notaire. Des personnes à qui j'avais affaire ne se trouvaient pas chez elles, ou

1 Filleule.

"Une histoire" contée par Joseph Mailloux, qui l'entendit de Casimir Perron, de Québec, il y a à peu près trente ans.

n'étaient pas encore arrivées; de manière que je ne fus prêt que bien tard à partir de Québec pour retourner à Beauport.

Il faisait un gros vent, une neige qui tombait à l'abondance. Mais j'étais bien accoutumé à voyager dans les gros temps; ça ne me dérangeait pas! Mais le vent, au lieu de diminuer, augmentait encore.

En chemin, je me suis souvenu que les gens de la ville ne voulaient pas que je laissis Québec, ce jour-là; me disant: "Il fait bien mauvais; il y a assez de neige pour vous embourber et de vent pour vous cacher le chemin. Partir sur le chemin, c'est périr en voulant s'en aller chez eux!"

Mais l'inquiétude en pensant à ma famille, ma femme ... enfin, m'avaient fait partir. Il faisait bien mauvais, j'en suis d'accord. Rendu dans la Canardière, je perds le chemin. Je pense en moimême: "C'est fait, je suis un homme perdu! Vire vent derrière. "Si j'ai la chance de rencontrer une bâtisse, je pourrai me sauver la vie; mais s'il n'y en a pas, c'est fait, je suis un homme mort." Toujours, la pensée de ma femme et de mes enfants me faisait tenir bon; je marchais, mais sans voir à un pied en avant de moi, dans la neige emportée par le vent. Peu après, je m'aperçois par mon haleine — qui raccoursit tout-à-coup-que j'étais arrivé près d'un mur.1 En effet, ça me parut une maisonnette. Arrive à la porte, frappe. J'entends une voix légère, un voix jeune me dire: "Entrez!" En ouvrant la porte, surpris, j'aperçois, derrière la cheminée, un squelette, un squelette de jeune homme, qui me dit: "Je ne m'attendais pas de vous voir." Et moi, je ne trouvais rien à répondre. Le spectre 2 me parle encore: "Je suis heureux de vous voir, moi." "Mais dites-moi donc la raison pourquoi."-"Parce que, répond le squelette, parce que, à la même époque, un soir comme aujourd'hui, à la veille de Noël, dans une tempête à peu près pareille, j'étais assis dans ma maison, près du feu, à l'heure où vous avez frappé. J'entendis une voix a la porte, qui me demandait l'hospitalité pour la nuit. Je lui répondis non, de continuer son chemin. L'homme me redemandit, une deuxième fois: 'Il fait bien mauvais; il y a danger d'y périr, il y a danger d'y périr!' Mais ma réponse, c'était que je ne voulais loger personne. La troisième fois enfin, me fâchant de lui entendre répéter la même chose, je lui criai: 'Si vous persistez, je vous ferai politesse d'une balle.' Le lendemain matin, la vent était tombé; deux hommes sont entrés ici me dire qu'ils venaient de trouver un individu mort, gelé, dans la neige, tout près de ma maison. Bien certain, c'était celui qui m'avait demandé l'hospitalité. Le même soir, j'ai tombé d'apoplexie. Dans

Le conteur, M. Mailloux, ici ajouta incidemment: "J'ai constaté la même chose bien des fois, la nuit, en me levant: quand j'arrive près d'un mur, ma respiration est bien plus courte."

2 Le conteur disait "sceptre."

deux heures je suis mort seul, sans sacrements; et je devais rester privé de la vue de Dieu pour jusqu'à ce que, le même jour, à la même heure, quelqu'un revienne encore me demander l'hospitalité. J'ai attendu dix ans, en regardant la porte. En venant, vous allez me rendre heureux. Servez-vous de ma maisonnette pour la nuit; mon châtiment est fini.

C'est tout.

OTTAWA, CAN.

CROYANCES ET DICTONS POPULAIRES DES ENVIRONS DE TROIS-RIVIÈRES (CANADA).

PAR E.-Z. MASSICOTTE.

ETUDIONS-NOUS assez notre folklore? Ne laissons-nous pas perdre sans retour une foule de superstitions, de préjugés, de pratiques étranges, de coutumes curieuses qui, au point de vue de l'archéologie, et conséquemment de l'histoire, sont loin d'être sans valeur? N'est-ce pas, en effet, en connaissant bien ce dont nos pères nourrissaient leur esprit, ce qui servait à les amuser, ce qui composait leurs croyances familières, qu'on se fera une idée assez parfaite de l'ambiance morale et intellectuelle dans laquelle ils se mouvaient?

Bien que peu de nos écrivains se soient occupés de ce sujet, il ne faut pas en déduire qu'il a été entièrement négligé. Le charme qui se dégage des ouvrages des de Gaspé, père et fils, provient surtout du folklore qu'ils renferment. Dans son livre "Fleurs champêtres,” au chapitre intitulé "Superstitions," Françoise1 nous apprend des choses intéressantes. C'est aussi d'une croyance populaire qu'elle a tiré cet émouvant récit qu'elle intitule "Le miroir brisé." Honoré Beaugrand introduisit du folklore dans ses contes du pays, et il fit sur nos mœurs et nos coutumes une conférence intéressante, mais dont le texte est resté inédit. Hubert Larue, en 1863, et Ernest Gagnon, en 1865, sauvèrent de l'oubli un petit nombre de nos belles chansons. Plus tard, M. Gagnon, dans ses "Choses d'autrefois," réunit des petites notes sur le folklore. Ernest Myrand, dans ses "Noëls anciens de la Nouvelle-France," a étudié nos vieux chants religieux. Enfin, Pamphile LeMay, dans "Tonkourou" et dans ses "Contes vrais;" Louis Fréchette, dans ses nouvelles, ses contes et ses mémoires; Edmond Roy, dans sa volumineuse "Histoire de la Seigneurie de Lauzon;" Sylva Clapin, dans son "Dictionnaire canadien-français;" et d'autres encore, ont noté des chansonnettes, des superstitions, des traits de mœurs qui méritent l'attention des folkloristes et des historiens.

Mais, avouons-le, on est loin d'avoir tout moissonné; et ce qui reste pourrait faire la matière de plusieurs volumes. Une petite enquête que j'ai entreprise, il y a plusieurs années, m'a enlevé tout doute sur ce point.

Je me bornerai à citer ici des croyances, des préjugés, des dictons et des pratiques superstitieuses qui circulaient jadis dans la région de Trois-Rivières, et dont plusieurs défient encore les injures du temps.

1 Pseudonyme de Mlle Robertine Barry, décédée à Montréal en 1910.

Je transcris ces notes à peu près telles que je les ai prises, en les classant par ordre alphabétique.

AJETS. (Voir TEMPÉRATURE.)

AMOUREUX (SIGNES CONCERNANT LES). — Un bout de fil blanc sur votre robe annonce un amoureux nouveau. (1)

Une graffignure (égratignure) le long de la main ou du bras annonce aussi un amoureux nouveau. Si l'égratignure est diagonale, elle signifie qu'on perdra son amoureux. (2)

Lorsqu'on aperçoit la nouvelle lune à sa droite, on verra son amoureux; lorsqu'on aperçoit la lune de face, on ne le verra pas. Si la lune apparaît à gauche, on le verra et on lui parlera. (3)

Perdre sa jarretière, son jupon ou une autre pièce de l'habillement signifie qu'on perdra son amoureux. (4)

Une jeune fille ne doit pas présenter son amoureux à ses amies, car elle le perdra. (5)

Allumez une allumette et laissez-la brûler, la flamme en haut, en la tenant le bois droit entre vos doigts. Lorsqu'elle est à demi brûlée, retournez-la en la tenant par le bout carbonisé, afin que le reste du bois intacte se consume. Il arrive presque toujours, quand le feu a tout carbonisé, que la partie supérieure de l'allumette tombe, et la direction de sa chute indique où est dans le moment son amoureux. (6) ARAIGNÉE.

Araignée du matin,

Chagrin.

Araignée du midi,

Ennui.1

Araignée du soir,

(Voir aussi TEMpérature.)

BERCEAU.

à l'enfant.

Espoir. (7)

Mettre en mouvement un berceau vide donne la colique (8)

Bossu. Pour combattre la malchance qui accompagne la rencontre d'un bossu du même sexe que soi, il faut cracher par terre avant d'être vu par le bossu. Si cela est impossible, tant pis. (9)

La rencontre d'un bossu de sexe différent est heureuse. (10) CADEAU. Mettre à son insu son bas à l'envers indique qu'on recevra un cadeau.

(11)

Voir pour la première fois la nouvelle lune à gauche: cadeau dans le mois. (12)

Il ne faut pas offrir en cadeau des instruments tranchants, tels que ciseaux, couteaux, etc., parce que cela coupe l'amitié. Le donataire peut cependant prévenir ce résultat néfaste en remettant au donateur une pièce quelconque du monnaie, la donation devenant alors une. vente. (13)

1 Variante: Souci.

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