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TEMPÉRATURE. - La température des douze mois d'une année est la même que celle des douze jours qui se sont écoulés du 25 de décembre au 5 de janvier précédents. La température du mois de janvier est celle du 25 de décembre, et ainsi de suite. Cette période se nomme "les ajets." (103)

Mettre à l'envers une partie quelconque du vêtement indique un changement de température. (104)

La température qu'il fait pendant la lecture de l'Evangile, le vendredi saint, se répète pendant les quarante jours suivants. (105)

La température du troisième jour du mois est la même que celle du reste du mois. (106)

TRÈFLE. - La chance favorise celle ou celui qui trouve un trèfle anormal, c'est-à-dire à quatre, cinq ou six feuilles. Plus il y a de feuilles, plus la chance est grande. (107)

VENDREDI. Pour y réussir il faut commencer à sevrer un enfant le vendredi. (108)

Se couper les ongles le vendredi, sans y songer, est chanceux. Si on le fait consciemment, on aura de la peine, le dimanche. (109)

On ne doit rien entreprendre de nouveau, le vendredi. (110) VIEILLES FILLES. - Les filles restées célibataires de leur propre gré sont, après leur décès, envoyées aux limbes pour y bercer les enfants morts sans avoir été baptisés. (III)

MONTRÉAL, CAN.

NOTES ET ENQUÊTES.

Les remèdes d'autrefOIS.1 Alors que je passais mes vacances d'écolier (1890-95) dans la paroisse de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, comté de Champlain (Québec), j'occupais mes loisirs à me renseigner sur ce qui me paraissait constituer le folklore de cette partie du pays.

Parmi ces choses que je notai se trouve une série de remèdes plus ou moins étranges qui, m'assura-t-on, guérissaient souvent. Peu d'entre eux, sans doute, ont été inventés par nos Canadiens; les uns ont dû leur être indiqués par les Sauvages; les autres leur sont venus de France; car la pharmacopée populaire de notre ancienne mère-patrie se complaisait dans le bizarre, le terrifiant ou le répugnant, ainsi qu'en témoignent les ouvrages d'outre-mer sur les traditions locales.

Quoi qu'il en soit, la science veut qu'on note ces recettes, et j'en ai dressé la liste suivante:

(1)

Clous (contre les). - Manger des grains de plomb en nombre impair. Ceur (palpitations de). — Découper un cœur dans du drap écarlate et le fixer à ses sous-vêtements, sur le cœur.

(2)

Cors (contre les). — Ecraser une grenouille entre le gros orteil et le deuxième doigt du pied. (3)

Consomption. Boire de l'urine de vache noire. (4)

Convulsion chez les enfants. - Enlever leur chemise, la tourner à l'envers et la brûler. (5)

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Coqueluche. Demander à votre plus proche parent de vous donner un aliment par charité, sans lui dire dans quel but, et faire manger de cet aliment à l'enfant. (6)· Conduire l'enfant à un cheval marron 2 et dire à l'animal: "Marron, ôtes-i la coqueluche!" faire en même temps toucher le cheval par l'enfant.3 (7)

Crampes. - Porter des jarretières en soie noire ou en coton à chandelles. (8) Mettre, en se couchant, ses chaussures sens dessus dessous, c.-à-d. la semelle en haut. (9)

Dartre. Cerner avec un jonc de mariée ou de religieuse. (10) Mettre de la cendre de pipe autour de la dartre. (11) — Cracher par terre, à jeun, faire dissoudre du sel dans cette salive et appliquer. (12) — Faire dissoudre du sel dans de la buée recueillie sur une vitre, et appliquer. (13) — Brûler du papier dans une assiette; faire dissoudre du sel dans la buée qui se produit, et appliquer. (14)

Dentition.

Mettre trois dents d'agneau dans un sac et pendre le sac au cou de l'enfant. (15) — Faire porter à l'enfant un collier de dents. (16) Dents (maux de). — Porter dans sa poche un os de la tête d'un poisson. (17) Se couper les ongles le lundi. Porter au cou une noix attachée à une ficelle ou à un ruban. (18)

Enflure. Pour faire aboutir, appliquer un morceau humide de peau de lièvre. (19)

Entorse.

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- Appliquer de la saumure de jeune porc. (20) œuf, le poivrer et l'appliquer. (21)

1 Extrait d'un article publié, en 1909, dans La Revue populaire, Montréal.

Battre un

2 On appelle "marron," un cheval dont la robe est tachetée d'une certaine façon. Cela se pratique encore à Montréal, m'a-t-on récemment affirmé.

Gorge (mal de). - Enlever son chausson ou son bas du pied gauche et en appliquer le dessous sur la gorge. (22) - Boire du pétrole. (23)

(24)

Hémorroïdes. Porter dans sa poche un morceau de cire à cacheter. -Porter un fruit de marronier d'Inde (Horse chestnut). (25) — Appliquer du suif de bélier noir. (26) — Appliquer du pétrole. (27)

Hernie. — Placer un enfant hernieux debout, dans la baie d'une porte; faire un trou dans le bois de la porte à la hauteur de la tumeur, et boucher le trou au moyen d'une cheville. (28) Pour la hernie étranglée, appliquer de la fiente de poule délayée dans de l'huile d'olive. (29)

Incontinence d'urine chez les enfants. — Faire manger de la souris rôtie. (30) - Faire manger des crottes de souris. (31)

Inflammation d'intestins.

de la "pierre bleue." (32)

Se faire trois zéros sur la peau du ventre avec

Jambes (maux de). — Un bain de pieds pris dans "l'eau courante," le jour de la Saint-Jean-Baptiste, préserve des maux de jambes, pendant l'année. (33)

Jaunisse. - Manger des poux en nombre impair. (34) — Manger une tartine au beurre sur laque11e on a mis des poux. (35) · "Creuser une carotte," remplir la cavité avec de l'urine de la personne malade et pendre la carotte au plafond. La jaunisse disparaît à mesure que la carotte sèche. (36)

Maux en général (contre tous). — Boire de l'eau du premier bain d'un enfant qui a la fleur du lit (fleur de lis?). On désigne ainsi le septième enfant consécutif du même sexe, dans la même famille. (37)

Panaris. - Appliquer de la fiente de vache noire. (38)

Pied (mal au). — Découper, dans un champ, un morceau de tourbe de la dimension de son pied nu. Retourner ce morceau à l'envers et ne jamais

repasser par là.

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(39)

Pleurésie. — Prendre deux poignées de suie dans le tuyau d'un poèle, ébouillanter, couler et faire boire. (40)

Reins (mal de). - Découper dans un tronc d'épinette rouge une bande d'écorce, puis en ceinturer le corps. (41)

Rhumatisme.. Se rendre dans une forêt, faire une entaille dans un arbre et dire: "Rhumatisme, je te laisse; quand je repasserai, je te reprendrai .." Il faut éviter cet endroit par la suite. (42) — Porter une pomme de terre dans sa poche. Quand le tubercule sèche et durcit, le mal disparaît. (43) — Appliquer un hareng saur sur la partie douleureuse. (44) - Porter un morceau d'acier dans sa chaussure. (45) - Frictionner avec de l'huile de bête-puante (civette). (46) - Uriner dans une bouteille, puis enterrer celle-ci au pied d'un arbre. Quand l'urine se "consommera,' "i les douleurs cesseront. (47)

Saignement de nez.

en poudre. (48)

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Priser de l'excrément de pourceau séché et réduit Coller un petit carré de papier au palais.2 (49) Enlever le capot du malade et le jeter vivement sur le dos d'un pourceau. (50)- Réciter cinq Pater, et en même temps renverser quelque objet sens dessus dessous. (51)

Sueurs. Pour faire cesser la sueur des mains, il faut, de la main gauche, saisir une taupe et l'étouffer. (52)

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Toux. Boire de l'urine. (53) ble et d'excrément de mouton.

1 S'évaporera.

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(54)

Boire du sirop composé de sucre d'éra

1 Aussi connu à Ottawa. A la Beauce, on conseillait de mettre le papier entre la gensive

supérieure et la lèvre. — C.-M. B.

VOL. 32. NO. 123.-12.

Verrues.

Mettre dans un petit sac autant de pois qu'on a de verrues. Jeter ce sac derrière soi sur la route, par-dessus son épaule, sans regarder. Celui qui ramasse le sac aura les verrues. (55) — Quand on voit une étoile filante, dire: "File, verrue!" et la verrue disparaît. (56) — Quand on voit passer la dépouille d'un enfant, on dit: "Je te donne mes verrues," et le défunt les emporte. (57)

Frotter avec du "bois de tonnerre," c'est

Yeux et oreilles (maux des). à-dire du bois que la foudre a frappé.

MONTRÉAL, CAN.

(58)

E.-Z. MASSICOTTE.

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Dans son intéressante étude

NOTES SUR LA FACÉTIE DES TROIS RÈVES. mythographique sur "Les trois rèves" ("The Three Dreams or 'DreamBread' Story," dans le Journal of American Folk-Lore, 30 [1917]: 378-410), M. Paull Franklin Baum étudie l'histoire - de 1106 à nos jours de cette facétie populaire et en indique la diffusion en Europe et en Asie.

Aux leçons canadiennes qu'il cite nous désirons ajouter quelques versions inédites et discuter ses suppositions sur l'origine de cette branche américaine de la facétie. Sa théorie se résume à ceci: C'est plutôt dans des recueils comme ceux d'Ouville (Facéties) que dans la transmission orale directe du conte moyenâgeux qu'il faut chercher la source des versions canadiennes connues.

D'abord, citons les versions canadiennes inédites. C'est de Charles Barbeau (Sainte-Marie, Beauce) que nous avons recueilli la première, en 1914:

Trois chasseurs s'étaient écartés dans une grande forêt. Il ne leur restait qu'un morceau de pain pour toute provision; et, comme ils ne pouvaient retrouver leur chemin, ils craignaient bien de mourir de faim. La conversation s'engage entre deux d'entre eux; ils prenaient le troisième pour un bonasse et ils ne s'occupaient pas beaucoup de lui. Ils se dirent: "Celui qui fera le rève le plus beau, cette nuit, mangera le pain; et il aura une chance de sauver sa vie." Le lendemain matin, quand ils se réveillent, l'un des trois demande: "Qu'as-tu rêvé, toi?" Celui qui avait le plus faim répond: "J'ai rêvé que mon père était roi. Il avait une grande armée; cela ne l'empêchait pas d'avoir un beau jardin et de cultiver les choux. Il cultivait tellement bien que ses choux poussaient à merveille; une seule feuille de ses choux était assez grande pour couvrir une armée de cent mille hommes." Son compagnon dit: "Tu as certainement fait un rêve extraordinaire. Moi, j'ai rêvé que mon père aussi cultivait et qu'il avait un jardin, mais pas aussi beau que celui de ton père. Il poussait, dans son jardin, des carottes si longues qu'un bout se rendait à l'enfer tandis que l'autre touchait au paradis." Le premier répond: "Tu as certainement gagné le pain. Mais notre compagnon a peut-être rêvé?"—"Ah ah! répond le troisième, moi aussi, j'ai fait un rêve; j'ai rêvé que j'avais faim, dans le cours de la nuit, que je me suis levé et que j'ai mangé le pain." Il l'avait mangé, en effet; c'est ce que les autres ont constaté.

Un vieille dame Jean Morency 2 nous racontait une autre variante de ce conte, lorsque nous étions enfants. Ces souvenirs sont trop confus pour entrer dans les détails. Dans cette version, toutefois, il s'agissait de trois 1 Agé de 69 ans; natif de Saint-François (Beance).

2 Native de Saint-Isidore (Dorchester, P. Q.); âgée d'environ 78 ans en 1906.

enfants qui rêvaient pour une galette. L'un rêvait des anges du paradis, l'autre de la Vierge, l'autre de Dieu le père (nous ne sommes pas tout à fait certain de l'identité de ces rêves). Le plus jeune dit: “Quand j'ai su que vous étiez tous en paradis, j'ai cru que vous n'auriez plus besoin de la galette. Je me suis levé et je l'ai mangée." 1

Une troisième variante nous a été communiquée par M. F. W. Waugh, qui l'a remarquée, vers 1900, dans le comté de Brant (Ontario), où elle est bien connue:

An Englishman, an Irishman, and a Scotchman were travelling together. They became very hungry. They had a loaf of bread, but decided not to eat it until the next day, when the one who had the best dream would get the largest share. The next morning they began to tell their dreams. The Scotchman said, "My dream was, that, after eating my share of the loaf, I was able to travel along without any trouble." The Englishman said, "I dreamed that I ate so much of the loaf that I could hardly keep up with you." The Irishman said, "Begorra! I dreamed I was hungry; so I got up and ate the loaf."

Un fragment d'une quatrième variante nous vient aussi de M. Waugh, qui se souvient de l'avoir entendue de son père, à Brantford (Ont.):

Pat and Mike had only one loaf of bread between them. They proposed that they should go to sleep, and that the one who had the best dream should have the bread. So they did. When they woke up, they told their dream. Mike had a "foine" story, and thought he should get the loaf. Pat then told how he dreamed that he was hungry, got up, and ate the loaf . . .

Comme dans le cas des contes anciens et bien connus du répertoire canadien, nous pouvons à bon droit nous attendre à recueillir de nouvelles variantes de celui des "Trois rêves."

La diffusion, au Canada, de ces versions dont le cadre est le même, mais dont le contenu diffère, suffirait à mettre en doute la théorie de M. Baum quant à la source des données canadiennes.

Pour notre part, nous ne croyons pas que la publication de variantes de cette facétie aussi puisées aux sources populaires dans les "Contes aux heures perdues du sieur d'Ouville" (1655) ou dans d'autres livres anciens ou récents puisse expliquer l'origine de celles du terroir canadien, pas plus d'ailleurs que les recueils de contes populaires de Perrault (1697) et de Mme D'Aulnoy (1698) n'ont affaire aux milliers de contes encore en circulation au Canada.

Citant l'ouvrage de Charles Nisard sur les livres populaires et la littérature de colportage, M. G. Huet, dans un article remarquable, étudiait récemment l'Authenticité et valeur de la tradition populaire," et venait à la conclusion que “en général, l'influence des livres imprimés sur la propagation des contes est bien moins grande qu'on ne pourrait le supposer." 1 Une autre variante canadienne a été publiée en 1867, par Paul Stevens, dans ses Contes populaires (Soulanges, 1867), p. 193.

Cf. Jeux et Récréations, Société de Saint-Augustin (France), 1899, pp. 46-48; "Gascon et Normand."

'Histoire des livres populaires ou de la littérature de colportage (2ème édition, Paris, 1864), 2 vols.

• Revue de l'Histoire des religions (Paris, Janv.-fev., 1916), 1-51.

• Ibid., p. 13.

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