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de plus naturel que de craindre; mais il n'eft rien de plus fur- naturel, ni de plus divin, que de craindre utilement pour le falut. Ce qui faifoit dire au Prophete Royal: Confige timore tuo carnes meas; Seigneur pénétrez ma chair de votre crainte: de votre crainte, o mon Dieu, et non pas de la mienne: car la mienne me feroit inutile et mème préjudiciable; elle me troubleroit fans me convertir, au lieu que la votre me convertira et me fanctifiera en me troublant, Or voilà celle dont j'ai besoin, et que je vous demande comme une de vos graces les plus exquifes, fachant bien qu'elle vient de vous et non pas de moi: Confige ti

more tuo.

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Craignons le jugement de Dieu, et craignons le, quelque juftes et dans quelque état de perfection que nous puiffions être. Car les Saints eux-mêmes le craignoient, et ils étoient Saints parce qu'ils le craignoient. Ne nous en rapportons pas aux libertins du Siècle, qui vivent dans l'ignorance et dans l'oublie des chofes de Dieu. Mais croyons en ceux qui furent éclairez des plus pures lumiéres de la vraye fageffe. Confultons les Jerosnies et les Hilarions; ils nous feront là-deffus des leçons touchantes. Tenons-nous-en toûjours à cé parallele, et disons-nous à nous-mêmes: fi ces hommes qui furent des modelles et des miracles de fainteté, ont craint le jugement de Dieu: comment dois-je le craindre, moi pecheur, moy couvert de crimes? ils l'ont craint dans les deferts et les folitudes; comment dois-je le craindre, noi qui me trouve exposé à tous Fes fcandales, et à toutes les tentations du monde? s'is l'ont craint dans les éxercices et dans la ferveur d'une vie fi austere et si penitente; comment dois-je le craindre dans une vie fi commune, i lache, fi imparfaite? Pour peu que nous ayons de christianisme et de foi, cette comparaifon nous perfuadera et nous édifiera.

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Craignons le jugement de Dieu; mais craignons le fouverainement; car il ne fert à rien de le craindre, fi nous ne le craignons préferablement à tout, comme il ne fert à rien d'aimer Dieu, fi nous ne l'aimons par deffus tout. Et voilà, mes freres, notre desordre: nous craignons le jugement de Dieu, mais nous crai

gnons

gnons encore plus les maux de la vie. Car la crainte dés maux de la vie nous rend soigneux, vigilans, actifs; et la crainte du jugement de Dieu ne nous fait faire aucun effort, ni rien entreprendre. Craignons le jugement de Dieu, inais craignons encore plus le peché, puisque c'est le peché qui le doit rendre si formidable: ou pour mieux dire, craignons le jugement de Dieu pour fuir le peché; et fuyons le peché, pour ne plus tant craindre le jugement de Dieu.

Craignons le jugement de Dieu, mais ne nous contentons pas de le craindre: fervons-nous de cette crainte pour corriger les erreurs de notre esprit, pour moderer les paffions de notre coeur, pour refifter aux attaques de la concupiscence, pour nous détâcher des vains plaisirs du fiécle, en un mot pour reformer toute notre vie luivant la belle maxime de Saint Gregoire de

Nazianze: Haec time, et hoc timore eruditus animum a concupiscentiis quafi fraeno quodam retrahe. Quand notre conscience nous fera des reproches fecrets, et que par de pressans remords elle nous avertira que nous ne Tommes pas dans l'ordre, et que nous nous damnons; rentrons en nous mêmes, et difons à Dieu: Ah! Seigneur comment pourrai-je foutenir votre jugement, puisque je ne faurois mêmes foutenir celui de ma raiion et de ma foi? Quand nous nous trouvons engagez dans une occafion dangereuse, figurons-nous Dieu qui nous voit et qui de fa main va lui-même écrire notre arrêt comme celui de l'impie Baltazar; ce ne fera point une imagination, mais une verité. Quand la tentation nous attaquera, et que nous fentirons notre volonté ébranlée, armons-nous de cette pensée, et demandons nous: que voudrois-je avoir fait, lorsqu'il faudra comparoître devant le Tribunal de Dieu? Quand la passion voudra nous perfuader que ce peché n'eft pas fi grand qu'on le penfe, et qu'il n'eft pas probable que le falut dépende de fi peu de chofe, faifons la reflexion de faint Jerosine: mais Dieu en jugera-t-il de la forte?

Craignons le jugement de Dieu, et que cette crainte de Dieu nous excite à le flechir et l'appaiser. Car comme dit Saint Augustin, il n'y a point d'autre appel de notre Juge irrité qu'à notre Juge gagné. Voulez-vous vous sauver de lui, ayez récours à lui: Ne

que

que enim eft quo fugias a deo irato, nifi ad Deum pla catam: vis fugere ab ipfo? fuge ad ipfum. Or nous le pouvons ailément tandis que nous fommes fur la terre. Car ce Dieu tout irrité qu'il eft contre nous, s'appaile par

a nos larmes, s'appaile par nos bonnes oeuvres, s'appaife par nos auinônes, et nous avons tout cela entre les mains.

Enfin craignons le Jugement de Dieu; et craignons fur tout de perdre cette crainte, qui eft une resource pour nous dans nos defordres et comme un port de la lut. Car cette crainte fe peut perdre; et elle fe perd tous les jours, particuliérement dans le grand monde. Les foins temporels l'étouffent, les conversations la diffipent, les petits péchez l'affaibliffent, le libertinage' la détruit; et la perte de cette grace eft le commencement de la reprobation. En effet que peut-on esperer d'une ame, et de quel moyen se peut-on fervir pour fa converfion, quand elle a perdu la crainte du juge ment de Dieu, et que les plus terribles veritez du Christianisme ne font plus d'impreffion fur elle? C'est en craignant Dieu, mais d'une Crainte Chrêtienne) qu'on le dispofe à l'aimer; et c'eft en l'aimant d'un amour efficace et pratique qu'on parvient à la gloire' que je vous fouhaite etc.

Bossuet.

S. oben unter den Geschichtschreibern, S. 375. geiftlicher Redner machte er sich schon früher, als Bourdaloue, Bekannt, und kann daher eher, als dieser, oder wenigstens zugleich mit ihm, als Urheber des bessern Kanzelvortrages in Frankreich ans gesehen werden. Er schränkte sich indeß vornehmlich auf Leichens reden ein; und hier war ihm es schon eher erlaubt, den Ton zu heben, und die Gränzen des poetischen Ausdrucks mehr zu berühs ren, welches wirklich in diesen Reden nicht selten der Fall ist. Voltaire's Bemerkung über sie (Siecle de Louis XIV, Chap. 32,). scheint sehr wahr zu seyn: Les fujets de ces pièces d'éloquence font heureux, à proportion des malheurs que les morts ont éprouvés. C'eft en quelque façon comme dans les tragédies,* où les grandes infortunes des principaux perfonnages font ce, qui intérefle davantage. Er seht hinzu, daß Bossuer's Trauers rede auf den Tod der Herzogin von Orleans, die in der Blüthe ihrer Jahre, und in feinen Armen starb, die größte und feltenste

Wirkung

Mirkung bervorgebracht habe, den ganzen Hof in Thrdnen zu vers feßen. Er musste bei den Worten inne balten: O nuit défaftreufe! nuit effroyable! où rétentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle: Madame fe meurt; Madame eft morte! Alle Zuhdrer schluchsten laut; und die Silmme des Redners wurde durch seine Seufzer und Th:dnen unterbrochen. In der Leichenrede auf den Prinzen von Conde', im Jahre 1687 gehalten, ist folgende Stelle eine der schönsten:

Quoiqu'une heureuse naissance eût apporté de fi grands dons à notre Prince, il ne ceffoit de l'enrichir par [es réflections. Les campemens de César firent son étude. Je me fouviens qu'il nous ravilloit, en nous racontant comme en Catalogne, dans les lieux où ce fameux Capitaine par l'avantage des poftes, contraignit cinq légions Romaines, et deux Chefs expérimentés à pofer les armes fans combats; lui-même il avoit été reconnoître les rivieres et les montagnes qui fervirent à ce grand dessein: et jamais un fi digne maître n'avoit expliqué par de fi doctes leçons les Commentaires de CéTar. Les Capitaines des fiecles futurs lui rendront un honneur femblable. On viendra étudier fur les lieux ce que l'hiftoire racontera du campement de Piéton. et des merveilles dont il fut fuivi. On remarquera dans celui de Chatenoy l'éminence qu'occupa ce grand Capitaine, et le ruilleau dont il fe couvrit fous le canon du retranchement de Seleftad. Là on lui verra méprifer l'Allemagne conjurée; suivre à son tour les ennemis, quoique plus forts: rendre leurs projets inutiles; et leur faire lever le fiége de Saverne, comme il avoit fait un peu auparavant celui de Haguenau. C'eft par de femblables coups, dont la vie eft pleine, qu'il a porté fi haut fa réputation, que ce fera dans nos jours 'être fait un nom parmi les hommes, et s'ètre acquis un mérite dans les troupes, d'avoir fervi sous le Prince de Condé et comme un titre pour commander, de l'avoir vû faire.

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Mais fi jamais il parut un homme extraordinaire, s'il parut être éclairé, et voir tranquillement, toutes chofes: c'eft dans ces rapides monens, d'où dépendent les victoires, et dans l'ardeur du combat. Partout ailleurs il délibere; docile il prête l'oreille à tous les

con.

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confeils: ici, tout le préfente à la fois; la multitude des objets ne le confond pas; à l'inftant le parti est pris; il commande et il agit tout ensemble, et tout marche en concours et en fûreté. Le dirai-je? Mais pourquoi craindre que la gloire d'un fi grand homme puiffe être diminuée par cet aveu? Ce n'eft plus fes promtes faillies qu'il fçavoit fi vite, et fi agréablement réparer, mais enfin qu'on lui voyoit quelquefois dans les occafions ordinaires: vous diriez qu'il y a en lui un autre homme, à qui fa grande ame abandonne de moindres ouvrages où elle ne daigne se méler. Dans le feu, dans le choc, dans l'ébranlement, on voit naî, tre tout-à-coup je ne fçai quoi de fi net, de fi pofé, de fi vif, de fi ardent, de fi doux, de fi agreable pour les fiens, de fi hautain, et de fi menaçant pour les ennemis, qu'on ne sçait d'où lui peut venir ce mélange de qualités fi contraires. Dans cette terrible journée, où aux portes de la ville et à la vûe de les citoyens, le Ciel fembla vouloir décider du fort de ce Prince; où avec l'élite des troupes il avoit en tête un Général fi pref fant; où il fe vit plus que jamais expofé aux caprices de la fortune: pendant que les coups venoient de tous côtez, ceux qui combattoient auprès de lui nous ont dit fouvent, que fi l'on avait à traiter quelque grande affaire avec le Prince, on eût pû choifir de ces momens où tout étoit en feu autour de lui: tant fon esprit s'élevoit alors, tant fon ame leur paroiffoit éclairée comine d'enhaut en ces terribles rencontres: feinbable à ces hautes montagnes dont la cime au-deffus des nues et des tempêtes, trouve la férenité dans fa hauteur, et ne perd aucun rayon de la lumiere qui l'environne. Ainfi dans les plaines de Lens, nom agréable à la France, l'Archiduc contre fon deffein, tiré d'un poste invincible par l'appas d'un fuccès trompeur; par un fou dain mouvement du Prince, qui lui oppofe des troupes fraiches à la place des troupes fatiguées, eft contraint à prendre la fuite. Ses vieilles troupes périllent; fon canon où il avoit inis la confiance, eft entre nos mains; et Bek qui l'avoit flatté d'une victoire affurée, pris et bleffé dans le combat, vient rendre en mourant- un trifte hommage à fon vainqueur par fon désespoir, S'agit-il ou de secourir ou de forcer une ville? Le prince

a

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fçaura

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