m POÈME SUR L'ASSEMBLÉE DES NOTABLES. 17871. 000 Rarâ temporum felicitate, ubi sentire quæ velis, et quæ sentias dicere, licet! TACIT., lib. I, Hist. QUAND des républicains étaient maîtres du monde; Quand le Tibre, orgueilleux de leur porter son onde, 1. L'auteur avait vingt-trois ans. OEuvres anciennes. III. I Fier encor de ce jour où la terre étonnée Peuple envié du monde et protégé des cieux, Jurant de réparer les fautes de vingt rois, Citoyens! qu'aujourd'hui rien ne soit oublié; Ajoutez, leur dit-elle, et tranchez sans pitié. Qu'en vos heureuses mains l'État se renouvelle; << Hâtez-vous d'affermir sa force qui chancelle. <<< Cette masse imposante, et dont l'œil est surpris, N'étalerait bientôt que de honteux débris; Édifice du tems, c'est le tems qui l'outrage. << Plus d'un cruel abus s'appelle encore usage. << Les momens sont venus: joignez tous vos efforts. « J'ai vu les protestans, bannis loin de mes bords, « De cités en cités cherchant une patrie, «< Y porter des trésors, enfans de l'industrie. Durant un siècle entier j'ai pleuré leur absence 1: Roi, sèche, il en est tems, les larmes de la France. Vengeur de l'Amérique et protecteur des mers, << Laisse adorer ton Dieu sous des cultes divers. « L'État ne doit venger que la commune injure. << Dieu veut-il un hommage imposteur ou parjure? « Sans prévenir, du moins, le jugement des cieux, << Rends aux fils les climats qu'habitaient leurs aïeux. << D'excellens citoyens fréquentaient peu nos temples; << Et sans aller bien loin te chercher des exemples, « De ton prédécesseur Maurice fut l'appui : « On peut servir son roi sans penser comme lui. « L'ignorance a long-temps peuplé les monastères. << Humbles, pauvres d'abord, de saints célibataires, <«< Sous le dais tout-à-coup cherchant des protecteurs, 1. On sait que l'édit de Nantes fut révoqué en 1685. 2. Le maréchal de Saxe était de la religion protestante. M. de Turenne, depuis converti par Bossuet, était aussi protestant quand il sauva la France, du tems de nos guerres civiles. « Honorés, agrandis, souvent usurpateurs, << Stérilement dévots, traînaient dans le silence Enfin l'homme stupide, à l'oubli consacré, « Eut contre le travail un refuge assuré; << De citoyens vivans ces tombeaux se remplirent; << Vois-tu tous ces enfans, les victimes d'un père, << Et ces vœux sans retour qu'ils n'avaient point formés. Martyrs ou fainéans, laisse-les disparaître; « Éteints, et non détruits, qu'ils meurent sans renaître : L'État ne leur doit rien; ils n'ont rien fait pour lui; « Et le fisc épuisé redemande aujourd'hui << Cet or long-tems oisif, conquis sur la faiblesse. << Bientôt, juste héritier d'une injuste richesse, << Tu pourras accueillir de bienfaisans regards <«< Les essais du travail, les prodiges des arts. << Des moissons vont couvrir les landes infertiles; « Les cités vont s'orner de monumens utiles; << D'innombrables vaisseaux, élancés de nos ports, |