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été séparée de son mari par les suites d'une tempête; jetée sur le rivage, privée d'un fils et d'un esclave des pêcheurs de Corinthe, et réduite, par le désespoir, à s'enfermer à Éphèse dans un monastère, dont elle est devenue la supérieure.

par

Après cet éclaircissement, chacun fait les excuses et les restitutions qu'il doit aux autres. Ægéon a sa grâce; Antipholus de Syracuse épouse Luciana, et l'abbesse invite tous les assistants à la suivre dans le monastère, où ils achèveront de se donner réciproquement tous les détails qui peuvent les intéresser.

Les deux Dromio restent les derniers sur la scène, et terminent la pièce d'une manière fort plaisante.

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DROMIO D'ÉPHÈSE.

(5) Il me semble que vous êtes mon miroir plutôt que mon frère. Je vois dans votre visage que je suis un

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(5) Methinhs, you are my glass, and not my brother:
I see by you, I am a sweet-faced youth.
Will you walk in to see their gossipping?

DROMIO SYRACUSAN.

Not, I, sir; you are my elder.

DROMIO D'ÉPHÈse.

C'est une question. Comment la résoudrons-nous?

DROMIO DE SYRACUSE.

Nous tirerons à la courte paille pour l'honneur d'être le plus vieux. Jusque-là, passez devant.

Allons; passons

DROMIO D'ÉPHÈSE.

donc. Nous sommes entrés dans le monde comme deux frères. Entrons ici de front, les mains entrelacées, et non pas l'un devant l'autre. »

Cette comédie fut composée en 1591 ou en 1593. Il paraît qu'une traduction des Ménechmes de Plaute avait déjà été jouée long-temps auparavant.

En 1595, W. Warner fit imprimer une traduction de la pièce latine.

Steevens conjecture que Shakspeare n'a fait que retoucher les Méprises; mais son opinion ne semble pas suffisamment appuyée.

DROMIO OF EPHESUS.

That's a question; how shall we try it?

DROMIO SYRACUSAN.

We will draw cuts for the senior: till then lead thou first.

Nay, then thus:

DROMIO OF EPHESUS.

We came into the world, like brother and brother;
And now let's go hand in hand, not one before another.

(TIMON OF ATHENS.)

Presque toutes les pièces d'imagination, créées par le génie de Shakspeare, reposent sur des idées larges et fécondes. Mais il lui arrive souvent d'étouffer dans une exécution vulgaire ou déraisonnable la beauté primitive de son sujet.

Timon d'Athènes, comme Shakspeare l'a conçu, est à la fois le dissipateur et le misanthrope, et le dernier de ces deux caractères devait soutenir avantageusement l'autre, qui ne semble pas offrir assez de comique et d'intérêt pour la longueur de cinq

actes.

Le plan de Shakspeare était donc d'une heureuse variété, et, par une transition naturelle, nous faisait passer du tableau d'une prodigalité sans bornes, à celui de l'indignation qu'éprouve l'homme ruiné, quand il se voit trahi par ses anciens complaisants; mais le poëte n'a su traiter que la première moitié de son sujet. Il a peint avec beaucoup d'art et de vérité la conduite généreuse de Timon et la bassesse de ses faux amis. Mais là où la comédie s'élevait d'un degré, où Horace lui aurait permis l'accent tragique, lorsqu'il s'agissait d'étaler les transports de colère d'une ame noble qui vient de faire la triste expérience de l'égoïsme et de la perversité des hommes, le poëte s'est oublié tout-à-fait ; l'action qu'il invente est languissante, décousue, bizarre; et le langage

ESSAIS LITTÉRAIRES SUR SHAKSPEARE.

285 qu'il met dans la bouche du misanthrope est d'une grossièreté si révoltante, qu'elle efface l'impression des injustices qu'il a souffertes, et semble presque les justifier.

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Un poëte et un peintre attendent, avec plusieurs marchands, le lever de Timon, pour lui offrir le tribut de leur art, qu'il récompense généreuse

ment.

Timon paraît. On le voit, à son entrée, répandre les bienfaits à pleines mains. Alcibiade et plusieurs seigneurs d'Athènes viennent lui faire leur cour: il les invite tous à dîner. Le seul homme qui ne partage point le ton d'adulation générale, c'est un cynique, nommé Apemantus, dont le langage rude et insolent n'épargne ni les adorateurs du riche Timon ni le riche Timon lui-même.

SCÈNE SECONDE.

Timon reçoit dans un festin splendide ses amis quilui font tous de vives protestations de dévouement, et jurent qu'ils n'attendent que l'occasion de lui rendre quelque service digne de ses bienfaits. Il se fie à leurs promesses, et les assure qu'il les mettra un jour à l'épreuve.

« (1) A quoi bon avoir des amis,

leur dit-il,

si nous ne devions jamais avoir besoin d'eux ? Ce seraient les créatures du monde les plus inutiles. Que seraient-ils de plus qu'un instrument harmonieux suspendu dans un étui, et gardant pour lui-même les doux accords qu'il renferme ?>>

Timon ne se contente pas de rassurer la délicatesse de ses amis, en s'engageant à avoir recours à eux au besoin pour hâter ce moment, il leur distribue des présents magnifiques, dont gémit tout bas Flavius, intendant fidelle, qui prévoit la ruine prochaine de son maître.

ACTE SECOND.

SCÈNE PREMIÈRE.

Maison d'un sénateur.

Effrayé des dépenses folles et des dettes de Timon, un sénateur envoie son valet, Caphis, lui redemander une somme d'argent qu'il lui a prêtée.

(1) What need we have any friends, if we should never have need of them? They were the most needless creatures living, should we ne'er have use for them and would most resemble sweet instruments hung up in cases, that keep their sounds to themselves.

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