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Puisqu'on

sans enflure, de noblesse, sans hauteur, de gravité sans pédanterie. parle au nom d'un souverain à un autre souverain, toutes les expressions doivent être décentes et mesurées. On évitera avec plus de soin encore les invectives, les injures, les reproches offensans, les imputations calomnieuses: c'est outrager les mœurs et les bienséances, et manquer au respect qu'on se doit à soi-même; c'est exciter impolitiquement les haines et les vengeances; c'est enfin se mettre dans la pénible alternative ou de désavouer un langage qu'on a autorisé, ou de se rétracter par une réparation solennelle, ou de montrer de l'inconséquence en flattant ceux qu'on vient d'insulter.

II. Qualities Logiques.

La première loi qu'impose la raison dans tout écrit est, qu'on soit bien décidé sur le but qu'on veut atteindre, puisque ce but détermine le choix des moyens qu'il convient d'employer, et le ton dominant de l'ouvrage.

Ce but une fois fixé, on doit y tout ramener, y tendre par une marche constante et progressive sans s'en laisser détourner par des vues accessoires, sans vouloir trop embrasser. Rien n'imprime plus sur un écrit le caractère de la faiblesse qu'un but vague et indéterminé. Les moyens s'affaiblissent ou portent à faux en divergeant, mais ils se prêtent une force mutuelle lorsqu'ils portent tous sur un même point.

Le but général des écrits politiques est de persuader, c'est-à-dire de changer ou de fixer et d'affermir les opinions des souverains et des nations sur quelque objet que ce soit, pour les amener ensuite à agir selon nos intérêts. Mais dans ce but général, com bien de buts particuliers sur le choix desquels il importe de se fixer! On peut vou loir faire regarder comme vrai ce qui paraissait faux, comme certain ce qui paraissait douteux, comme légitime ce qui paraissat injuste, comme honnête ce qui paraissait blâmable, comme utile ou nécessaire ce qui paraissait dangereux et nuisible. On peut aussi se proposer l'effet contraire.

Quelquefois les circonstances exigent qu'on embrasse plusieurs de ces buts comme moyens subordonnés et indispensables. Souvent aussi on ne parvient à la persuasion qu'en instruisant ou en touchant. Mais dans tous ces cas il importe d'avoir un point de vue déterminé, d'être bien d'accord avec soi-même et sur ce qu'on veut.

Une fois fixé sur le but, on doit s'instruire de tout ce qu'il exige. Cet examen se réduira au choix des idées qu'on veut employer, à celui de l'ordre qu'on veut suivre dans leur enchaînement et enfin à celui du ton général qu'il importe de prendre.

Occupons-nous du premier de ces objets, du choix des pensées.

Nous avons vu qu'en politique le plus grand mobile de la persuasion est l'intérêt. Un négociateur habile ne négligera donc point cet appât, il en fera la partie la plus importante de ses écrits, et dans toutes les affaires de nation à nation, il le préfèrera même aux motifs de droit et aux preuves juridiques. Mais en appuyant sur des motifs d'intérêt, il doit le faire avec ménagement. S'il paraissait connaître les advantages d'une puissance mieux qu'elle-même, il se rendrait odieux, comme il se rendrait suspect s'il mettait trop de chaleur à les lui faire sentir.

Pour acqérir cette solidité, qui ne redoute ni la critique ni les réfutations, on doit, autant qu'il est possible, être plus riche de pensées que de mots. Ces pensées doivent êtres vraies, justes, lumineuses, nécessaires; elles doivent avoir un rapport direct avec le sujet et le seconder.

En voulant s'etayer d'un principe faux, douteux, ou même êtranger à la cause, on s'exposerait à voir tomber avec lui l'edifice qu'il devait soutenir, et l'on donnerait un grand advantage à son adversaire.

On doit ne s'appuyer que sur des preuves irrécusables. On prouve les faits par des autorités, les droits par des titres, les principes par des raisonnemens, les maxi«

mes pratiques par les advantages qui en résultent et par les inconvéniens qu'il y aurait à s'en écarter.

Si l'obstination ou la mauvaise foi de nos adversaires nous réduit à porter nos preuves jusqu'à la démonstration la plus rigoureuse, on peut recourir aux syllogismes, pourvu qu'on en fasse disparaître la sécheresse et l'appareil pédantesque.

En s'attachant à ces moyens décisifs, on ne négligera pas les demi-preuves, les probabilités, les vraisemblances et l'analogie. Ces moyens, quoique faibles pris isolément, reçoivent beaucoup de force de leur réunion.

Les citations peuvent trouver place dans tous les écrits destines à établir ou à renverser quelques points contestés, mais elles doivent être employées à propos. Leur abus serait pris pour une affectation ridicule d'erudition. Si l'on est dans le cas de réfuter des faits, des principes, des maximes, on doit le faire par des preuves contraires directes.

On ne doit jamais perdre de vue, que les généralities, les déclamations, et les invectives ne prouvent rien: elles ne servent d'armes qu'à la faiblesse et à la passion.

Aprés avoir choisi ses idées, il faut s'occuper de leur développement. Tout sujet de composition présente des parties principales et des parties de détail. Mais toutes n'ont pas la même importance et n'excitent pas le même intérêt. Le développement consiste donc dans l'art de présenter successivement et dans leur juste étendue toutes les idées qu'exigent le sujet et le but réunis. En un mot, dire tout ce qu'on doit dire, l'integralite du sujet, ne dire que ce qu'on doit et le dire en peu de mots, c'est le secret d'un bon développement.

L'intégralité du sujet suppose qu'aucune des parties intéressantes qu'il offre n'est omise. Soit qu'il s'agisse de demandes a faires, de griefs à exposer, de preuves à établir, de prétentions à combattre, de nouvelles à transmettre, il importe d'embrasser d'un coup d'œil la totalité de son sujet, et de n'omettre rien de ce qui peut servir à l'éclaircir ou à le seconder. Les conséquences dangereuses de tels oublis dans des matières politiques sont evidentes.

Une prolixite inutile seroit cependant une grande faute dans les écrits politiques. Quoique certains memoires soient susceptibles de plus grands developpemens, ils n'en exigent pas moins un caractère de precision. On doit rejeter les details minutieux et superflus, les répetitions inutiles et les pensées etrangères au fond du sujet. On doit encore donner une juste proportion au developpement des idées qu'on adinet suivant leur degre d'utilite.

Mais ce n'est pas assez que de ne dire que ce qu'on doit dire. Il faut encore s'enoncer en peu de mots et joindre la concision à la precision. Les circonlocutions, les epithets, les grands mots, les periodes nombreuses, les ornemens indiscrets, les lieux communs de rhétorique, sont des choses souverainement deplacées dans des écrits cù tout est grave et important et où tout doit aller directement au but.

Cette prolixité prouve un esprit embarrassé et diffus, ou un esprit faux qui sacrifie mal à propos le fond aux accessoires. Elle rejette un ridicule merité sur l'ouvrage rebute le lecteur et nuit à la marche des affaires en détournant l'attention.

En un mot, au lieu d'un étalage verbeux et disert, on demande en affaires un style précis, concis, serre, à courtes periodes; on veut que les mots s'arrêtent toujours où finissent les choses. L'abus de cette brièvete nuit à la clarté et donne au style quelque chose d'affecté et de sententieux. Il conduit d'ailleurs aisement au ton imperieux, hautain et tranchant. On doit donc, suivant les occasions, adoucir cette nuance en rendant le style plus lié et plus soutenu.

Le developpement dont on vient de parler suppose necessairement un ordre qui conduise à l'unite du sujet.

La plupart des écrits diplomatiques, et surtout les lettres, les complimens, les notes officielles n'ayant qu'un objet assez circonscrit, n'exigent point cette rigueur de methode, ces détails de plan et cette chaîne de divisions qu'on retrouve dans des ouvrages plus etendus; il suffit que la matière soit divisées en chefs géneraux nettement circonscrits, et que ces parties soient respectivement placées dans leur enchaînement mutuel.

III. Des Convenances.

Jusque ici nous avons parlé des caractères genéraux du style qui convient à toute espèce de composition diplomatique. Mais ce serait bien peu connaître les convenances, si l'on croyait avoir rempli ses devoirs en respectant ces conditions, et si l'on ne variait pas son ton d'après les circonstances. Le temps, le mœurs, la nature des relations, le genere de l'ecrit, l'importance des affaires, etc. tracent au vrai politique ¡la nuance du ton qu'il doit prendre. Suivant ces circonstances, le style prendra un caractère de supériorité ou de déférence et même de respect, de force, de vehemence, de fermeté, d'amitié ou de froideur, de confiance ou de réserve; il se rapprochera plus ou moins des formes oratoires où il restera plus près des formes simples de la discussion.

Pour donner au style ce precieux merite, qui resulte de son juste rapport avec les circonstances, il faut avoir un tact sûr et exerce, être constamment maître de soi et de ses passions, connaître la valeur des termes qu'on emploie et les moyens qui peuvent varier le style; il faut enfin connaître les formes particulières que l'usage a introduites, et qui tiennent au ceremonial.

[TRANSLATION.]

Although the style of political writings may be susceptible of many variations, all are submitted to rules, the application of which is constant and gencral.

In all of them should be found a declared end; just, luminous, and solid ideas, a firm, rapid and methodical proceeding, pure and correct diction, clear, natural and precise expressions, and a style noble and circumspect: in fine, that taste, which, adapting itself in every case to circumstances, time and persons, never allows the style to be above, or beneath, the subject.

Some of the qualities of this style, are merely grammatical, and relate to the diction. Others have greater affinity to reasoning, or argument; and belong, more particularly, to the principles of logic.

The last, in fine, belong to proprieties, and are not the least important.

I. Qualities which pertain to Diction.

Correctness and purity of style are too essential, to permit one to act a diplomatic part, without having previously acquired these first bases of expression. Grammatical, or other errors, in acts designed for greater or less publicity, throw ridicule upon the author; weaken the consideration which he should merit, and injure his course. These errors may, besides, give rise to equivoques and to mistakes, always consequent in political matters.

On the other hand, it is not the less ridiculous to see a man in office, affecting to write as a grammarian, and with purity, trifle with words, and forget, in the difficulty of the rules of philology, the importance of the subject upon which he designed to treat. We have the right to require of him that he should express himself as one well educated, whose judgment and taste had been refined in the higher circles of the world, and by the perusal of the best writers. Neither should solecisms, forced constructions, strange phrases, obsolete terms, or the affectation of neology be pardoned.

If it is true, that clearness of style should be in accordance with the importance of the work, nothing more imperiously demands this merit, than those writings which have for their great object the interest of a nation. Although an opinion, perhaps too common, seems to admit, that politics is a science, in which every thing is mysterious; it is not the less true, that official articles should be prepared with clearness and precision; and that obscurities, ambiguties, and equivoques should be avoided. In diplomacy, it is not sufficient that you should be simply understood, but it is also necessary to remove the means by which one of bad faith may turn an ambiguous word to his own advantage. This scrupulous attention to clearness of style, should be extended even to punctuation; for it has been more than once seen, that the sense of an important article depended upon the proper placing of a comma; and that very serious disputes have arisen from a circumstance in appearance equally trivial.

This obscurity results, either from the idea itself, from the expression of it, or from the want of system in the disposition of the discourse. With regard to the first cause of obscurity, it will be observed, that, it is impossible for a person to write with clearness, if he does not well comprehend himself. His first duty, then, should be to reflect deeply upon his subject, as soon as any difficulty may present itself; to consider it in all its bearings, and to separate the parts, until it forms of itself an idea clear and distinct.

This perspicuity with which the mind is penetrated, will communicate itself to the expression of an idea, either by the choice of terms, or, by the construction of sentences. The expressions should be always pure, proper and precise.

Terms which are deficient in purity of style, are often unintelligible; those which are improper destroy the idea, and even substitute another in its place; those which are deficient in precision, pervert the meaning by producing accessaries, and by weakening or exaggerating the sense.

As to the nature of sentences, it is proper to observe, that, the abbreviated style is the more appropriate to diplomatic discussions, because it is more rapid and more concise; and, because particular ideas are in this way more easily detached from one another. The periodic style should not, however, be too affectedly abandoned, yet it is necessary to abstain from sentences of too great length, or, which are burdened with appurtenant objects. The principal idea should be easily distinguished from the subordinate the same justness of expression which governs the words of a partial phrase, should be found among the different members of a finished period. Unity will be thus constantly observed, and the sense be so complete, as to leave nothing wanting for the spirit of the meaning.

We have already said, that the want of order, and of method throughout a production, was one of the most frequent causes of obscurity of style. As this subject belongs more particularly to the logical qualities of the discourse, we will here confine ourselves to observe that, the mind is harassed, and the attention fatigued by this dislocation of ideas, placed at random, instead of being grouped together in such a manner as to form the principal ideas: a work thus conceived, is indeed a perfect labyrinth, where the mind loses the thread, which should conduct it through all its intricacies.

Clearness then tends essentially to correctness and purity, and should be a fresh incentive to study well the language which is about to be used.

Graceful expressions, elegance of language, and affected phrases, are not necessary in matters of such grave import as that of diplomatic correspondence;; then all that is required is the language of simplicity and reason: one author desires that letters.

between sovereigns should sparkle with wit; it appears to me that this would be brilliancy of mind, but badly employed. The style of such letters may be lively and even animated with a sentiment, approximating to the pathetic, but it should rather be in the tone of a polite and easy conversation, than in that of a studied harangue. In memorials, and particularly in public acts, simplicity and clearness should predominate: these are judicial subjects which require that more attention should be paid to exactness and to formality, than to elegance, or to beauty of language. As for the rest, simplicity should be more or less dominant, according to the species of the writing, the nature of their contents, and the diversity of form.

But then, if we reject a studied and affected style, it is not to be concluded that we must descend to one which is low and familiar-trifling, proverbial, and popular expressions, jests, etc. should be banished from writings which demand a character of dignity, free from bombast; of grandeur, without pride; and of gravity, devoid of pedantry.

When speaking, as from one sovereign to another, every expression should be proper and well considered. The greatest care should be taken to avoid invectives, injurious expressions, offensive reproaches, and calumnious impressions; it is to outrage manners and good breeding, and to be deficient in that respect which is due to one's self; it is to excite, improvidently, feelings of hatred and of revenge; it is, in fine, to be placed under the powerful alternative either of disavowing a language which was authorised, of retracting it by a solemn reparation, or of exhibiting a sense of inconsistency, by flattering those who were just insulted.

II. Logical Qualities.

The first law, which reason imposes, in all species of writing, is that the author should be well decided upon the end which he wishes to attain: this end in fact de termines the choice of the means to be employed, and the predominating tone of the work.

This end being once fixed, the ideas should be concentrated on it, and tend towards it, by a constant and progressive march, without permitting any deviation, through the objects which are only accessary to the great subject. Nothing imprints more forcibly upon a writing the character of feebleness, than a vague and undetermined end. The means weaken themselves, thus tend to a false course, while, on the contrary, they present a mutual force, when they are made to bear upon the same point. The general desire of political writings is to persuade; that is to say, to change or to fix and to affirm the opinion of sovereigns and of nations on some particular object, so as to induce an operation suited to our own interests; but in this general design, how many different ends are there, and from which it is important to make a choice! It may be desirable to make that appear to be true, which would appear to be false; as certain, that which would seem doubtful; as lawful, that which appears to be unjust; as honest, that which is dishonest; as useful and necessary, that which is dangerous and hurtful: and so the argument may be used, in proportion, of a contrary effect.

Circumstances sometimes require, that many of these designs should be embraced as subordinate and indispensable means. Often also persuasion cannot be reached without speaking of, or touching on them. But, in all these cases, it is necessary to have a special point in view, to be well satisfied with your own opinions, and with the object which is desired.

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