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Ainsi fut donc satisfaite presque toute la première partie du programme politique de notre temps liberté spirituelle d'une manière incomplète, la seconde, car le régime franchement dictatorial fut remplacé par celui qu'on appelle présidentialisme, maintenant encore la fiction des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire; et toute la dernière partie, par l'abolition radicale de la monarchie.

Avec ces conquêtes, faisant partie de la Loi constitutionnelle, la Patrie Brésilienne inscrivit sur son pavillon or et vert la légende caractéristique-Ordre et Progrès-formulée par Auguste Comte, et qui synthétise la sublime aspiration de tous les cœurs patriotes, quelles que soient leurs croyances politiques et religieuses.

On inaugura l'existence légale de la République sous les plus heureux auspices; mais le pouvoir était bientôt tombé exclusivement dans les mains des plus rétrogrades, les monarchistes de la veille y compris, ce qui détermina la situation actuelle, où la pratique politique rompt avec les institutions républicaines, constitutionnellement incorporées au pacte du 24 février. Ainsi, au §5 de l'article 72 de la Constitution Fédérale qui établit:

"Les cimetieres auront un caractère laïque et seront administrés par l'autorité municipale," tous les cultes religieux ayant liberté de pratiquer les rituels respectifs par rapport à leurs croyants, autant qu'ils ne sont pas offensifs à la morale publique et aux lois; s'oppose le maintien scandaleux des privilèges funéraires de la Santa Casa da Misericordia et d'autres confréries cléricales.

Au §7, qui détermine avec clarté et précision :

"Aucun culte ou église ne jouira de subvention officielle, ni n'aura de relations de dépendance ou d'alliance avec le Gouvernement de l'Union ou des Etats;" s'oppose le rétablissement de la Légation du Brésil auprès du Saint Siège, sans parler d'autres infractions multiples telles que: la célébration d'obsèques catholiques, comme si le Catholicisme était religion d'État; considérer fériés les jours de fête exclusivement catholiques; soumettre à la bénédiction de l'autorité catholique la pierre fondamentale des bâtiments publics; intervenir dans la création du cardinalat au Brésil.

Aux §§11 et 17 qui garantissent l'inviolabilité du foyer et de la propriété, correspond la violence des lois sanitaires et d'expropriation, sous prétexte d'hygiène et d'utilité publique.

Au §24 qui statue d'une manière positive:

"Est garanti le libre exercice de toute profession, morale, intellectuelle et industrielle;" s'oppose la continuation rétrograde des privilèges scholastiques et académiques, maintenant l'injustice de ne pas privilégier la théologie catholique, dont la morale est encore le guide des meilleures âmes féminines, tandis que l'on protège la métaphysique et la science des discoureurs et des docteurs, dont la compétence, de même que celle du prêtre et de l'industriel, doit être estimée d'après l'opinion publique, fondée sur la valeur effective, indépendamment des diplômes.

Au $28, qui déclare formellement :

"Pour motif de croyances ou de fonction religieuse, aucun citoyen brésilien ne pourra être privé des ses droits civils et politiques ni se dispenser de l'accomplissement d'un devoir civique quelconque;" s'oppose les amendes et les emprisonnements établis au Code Pénal et par le Règlement Sanitaire contre les marchands d'orviétan, charlatans, empiriques, les espirites, les cartomanciers, et autres sortes de croyants, ainsi que contre tous ceux qui ne croient plus aux théories médicales des savants officiels.

A l'article 78, qui prescrit:

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'La spécification des garanties et droits exprimes dans la Constitution n'escluira d'autres garanties et droits non énumérés, mais qui résultent de la forme de gouvernement qu'elle établit et des principes qu'elle consigne;" s'opposent d'une manière générale tous les despotismes qui ont profané le régime républicain, parmi lesquels prédominaient il y a une dizaine d'années, la tyrannie sanitaire établie sous prétexte d'hygiène publique, qui, d'oppression en oppression, n'hésita point à tenter de s'attaquer au corps même du citoyen, en décrétant la loi draconienne de la vaccination obligatoire, cause immédiate de la sanglante rébellion du 14 novembre 1904 (Gouvernement du Président Rodrigues Alves), et il y a quatre ans, l'intervention militaire dans les États, enfreignant ainsi le régime fédératif, sous prétexte d'en finir avec les oligarchies, ce qui eut comme résultat d'ensanglanter le Pará, le Ceará, Alagoas, Pernambuco et Bahia (Gouvernement du Président Rodrigues da Fonseca).

A l'article 80 qui “n’autorise la suspension des garanties constitutionnelles que dans les cas d'aggression étrangère ou de trouble intestin;" s'oppose les états de siège successifs, dont les victimes ont été tout spécialement les prolétaires et à l'ombre sinistre desquels ont été pratiqués les assassinats légaux à Ilha das Cobras et sur le pont du "Satellite," à l'occasion de la révolte des matelots le 10 novembre 1910 (Gouvernement du Président Rodrigues da Fonseca).

Mais tout cela, toutes ces infractions du régime n'exclut point la conviction du progrès du Brésil par suite de l'avènement légal de la République. Il suffirait de rappeler que sous ces mêmes gouvernements, sous la responsabilité desquels ont été pratiqués les actes condamnables que nous venons d'énumérer, on a aussi pratiqué bien des actes méritoires. C'est le Président Rodrigues Alves qui a été le promoteur des améliorations matérielles de la ville de Rio de Janeiro, contribuant ainsi à ce que la capitale du Brésil puisse rivaliser en beauté artistique avec les principales métropoles du monde, elle qui en était déjà la rivale sous le point de vue de la beauté naturelle.

Ce fut le Président Rodrigues da Fonseca, le Maréchal Hermès, nom sous lequel il est plus connu, qui, par le concours de son ministre, Rivadavia Corrêa, tâcha de pratiquer dans toute sa plénitude le principe essentiellement républicain de la plus complète liberté professionnelle.

Et ces faits tout récents du régime présidentiel sont deux événements d'une incomparable valeur politique et morale: le traité entre le Brésil et l'Uruguay sur le domaine en commun du lac Mirim et du fleuve Jaguarão, et le service de la protection des Indiens, actes pratiqués sous le gouvernement du Président Nilo Peçanha avec le concours des ministres Rio Branco et Rodolpho Miranda, tous les deux influenciés par l'action spirituelle de l'Église et de l'Apostolat Positiviste, représentés dans cette grande croisade pour les Indiens, par un de ses plus illustres membres, le Colonel Rondon.

Néanmoins, la crise économique et financière qui s'était considérablement aggravée pendant la prémière décade républicaine, surtout par suite de la révolte de la flotte du 6 septembre 1893, finalement dominée par l'inflexible fermeté du Président Floriano Peixoto, et qui avait été dissipée, ou mieux, fort atténuée grâce aux mesures du Président Campos Salles, avec l'assistance de son illustre ministre Joaquim Murtinho, a surgi de nouveau d'une façon redoutable et saisissante, avec la menace de mener le pays à la banqueroute, dans les deux dernières années du gouvernement de Harmès. D'où le profond mécontentement de la nation et l'appel de tous, riches ou pauvres, bourgeois et prolétaires, fonctionnaires publics et industriels, militaires et civils, à une solution qui vienne les libérer des maux immédiats de la situation actuelle.

On invoque alors comme un remède la réforme de la Constitution du 24 février ayant en vue d'établir, au lieu du présidentialisme, le régime parlementaire; au lieu de la fédération, la république unitaire. Quelque-uns, plus radicaux, rêvent de la monarchie. Quant à la dictature, la dictature républicaine, jamais!

Vu que le mot dictature est vulgairement synonyme de despotisme, la majorité des lettrés excite la haine du peuple contre la forme gouvernementale déduite des lois de l'histoire que est la dictature républicaine, sans qu'il leur vienne à l'idée que, en fait, le despotisme, la tyrannie, consiste, non pas dans la concentration du gouvernement ou dans le seul despotisme à vie, mais dans le fait de vouloir que le gouvernement investi du pouvoir temporel intervienne dans la sphère spirituelle. Dès que le gouvernement concentré (dictature) ne dirige que l'ordre matériel et que son action est ainsi réduite au minimum, puisqu'il n'intervient dans nulle question d'ordre morale—ce qui est la condition fondamentale de la dictature républicaine ou de la république dictatoriale-le monocrate ne saurait plus être un despote, le dictateur n'est pas tyrannique. Toutefois, s'il n'en est pas ainsi, si le gouvernement a des prétentions à diriger la conscience, si l'État s'arroge en tuteur de l'individu, s'il veut contrôler les croyances, les opinions et les habitudes, alors règne la tyrannie, soit q'elle ait son origine dans le décret d'un dictateur, soit dans la loi d'un parlement, ou dans l'arrêt d'un tribunal.

Ce sont toutefois les journalistes, les écrivains, les publicistes qui poussent les hauts cris contre la dictature. tout juste ceux qui défendent le plus l'influence despotique de l'État, tiraillé par les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire. Seulement, ils croient, et ils tâchent d'en faire accroire au public qu'il n'y a point de tyrannie une fois que l'acte gouvernemental est une loi du corps législatif, réglementé par le pouvoir exécutif et reconnu par le judiciaire.

Ainsi avec de tels principes contradictoires, avons-nous vu de prétendus défenseurs des libertés civiles plaider la néfaste loi de la vaccination obligatoire et plus tard attaquer avec âpreté le régime de la pleine liberté professionnelle! Et, ce qui est encore plus remarquable, nous avons assisté au militarisme en uniforme, si on peut l'appeler de ce nom, le Gouvernement du Maréchal Hermès défendre cette grande liberté civile, cette grande liberté républicaine, tandis que le militarisme des gens de robe des juges du Suprême Tribunal, qui se targuent d'anti-militarisme, la combattre sans trêve ni merci par des arrêts successifs.

Non, le remède qui convient à la situation politique du Brésil n'est point le parlementarisme ni la monarchie, mais il consiste dans la pratique fidèle du régime que l'on a adopté avec la Constitution du 24 Février, laquelle ne devrait être modifiée que dans le sens de la transformation de ce statut moulé dans les modèles exacts de la dictature républicaine, constituée suivant les lois sociologiques.

Les défauts, les fautes, les égarements, les crimes eux-mêmes que nous avons indiqués résultent des hommes qui gouvernent et non point du système gouvernemental. De sorte que le problème est d'améliorer les détenteurs du pouvoir public et non pas de modifier la forme de gouvernement. Il va de soi que quelles que soient les règles politiques, présidentialisme ou parlementarisme, république fédérale ou unitaire, monarchie absolue ou constitutionnelle, il y aura des vices et des crimes aussi longtemps que les hommes seront les mêmes. L'affaire est de savoir, si, une fois donnée la contingence des défauts inhérents à tous les systèmes, lequel devra être adopté en tant que règle politique résultant des lois sociales.

Or, nous l'avons déjà démontré, ce gouvernement ne saurait être que la dictature républicaine, qu'Auguste Comte a systématisé, d'après les lois de la sociologie positive, que Bolivar avait pressentie par un coup de génie politique, que le Brésil s'essaya à adopter, mais ne le fit qu'incomplétement avec la Constitution du 24 février 1891, et qu'adopte d'une manière plue complète la Constitution de l'Etat de Rio Grande do Sul du 14 juillet 1891.

Partant, la réalisation complète de la dictature républicaine doit être le but auquel doivent tendre les efforts de tous les patriotes.

Aussitôt que la société brésilienne aura réussi à ce que le pouvoir soit aux mains de vrais républicains, aimant l'ordre et le progrès, d'accord avec les enseignerents de la politique scientifique, cette dictature sera instituée dans la pratique dans toute sa plénitude.

Certes, ceux qui ont une telle aspiration sont tenus pour des visionaires et des utopistes par ceux qui sont dépourvus de fortes conceptions scientifiques dans le domaine politique et dénués de véritable ardeur sociale. Mais, quant à ceux-là, nous devons rappeler que pour toutes les conquêtes de l'Humanité et notamment de notre patrie, les utopistes, les rêveurs d'aujourd'hui sont les triomphateurs de demain, qu'ils soient vivants ou morts, qu'importe! L'abolition de l'esclavage et la République étaient des utopies pour les esclavagistes et pour les monarchistes; et l'Abolition et la République ont triomphé. La dictature républicaine, elle aussi, caractérisée par la plus complète séparation entre la puissance matérielle du Gouvernement et la force morale du Sacerdoce, qui est actuellement constitué par les prêtres, les médecins, les savants, les poètes, les journalistes, etc., tous directeurs spirituels des différents groupes dans lesquels se décompose intellectuellement la société moderne, devra se constituer désormais, définitivement, en éliminant enfin toutes les résistances rétrogrades, soit celle des monarchistes, soit celle des démocrates.

Pour un tel avenir qui sera très proche, si des hommes d'État capables surgissent, qui ne maudissent point le passé ni ne se révoltent contre le présent, nous travaillous tous, nous qui rêvons non-seulement le perfectionnement de la Patrie, mais encore la régénération totale de l'Humanité.

OBSERVATION.

Il semble à l'auteur de ce mémoire que "La dictature républicaine et le gouvernement brésilien" peut être considérée le développement d'une thèse choisie parmi les sujets que comporte le No. 11 du programme de la 6° section du Congrès, c'est-à-dire "le gouvernement présidentiel et le gouvernement parlementaire au Continent Américain."

BIBLIOGRAPHIE.

Auguste Comte: "Système de Politique Positive." chapitre 5; "Appel aux Conservateurs." Paris, 1855.

Paris, 1854, Tome IV,

Jorge Lagarrigue: "La dictature républicaine." Paris, 1896. Teixeira Mendes e Miguel Lemos: "Bases de uma Constituição Politica Dictatorial Federativa para a Republica Brasileira." Rio de Janeiro, 1890.

Teixeira Mendes: "Esboço biographico de Benjamin Constant, fundador da Republica Brazileira." Rio de Janeiro, 1892. 1° vol.; "Liberdade espirtual no Brasil." Rio de Janeiro, 1913; "O Imperio Brasileiro e a Republica Brasileira perante a Regeneração Social." Rio de Janeiro, 1913; "Contra a vaccinação obrigatoria." Rio de Janeiro, 1904; "Brasil-Uruguay." Rio de Janeiro, 1909; "A influencia positivista no actual serviço de protecção aos indios e localisação de trabalhadores nacionaes." Rio de Janeiro, 1913.

Dr. Bagueira Leal: "A questão da vaccina." Rio de Janeiro, 1904; "Notice historique sur la question de la vaccination obligatoire au Brésil." Rio de Janeiro, 1911; "O despotismo sanitario." Rio de Janeiro, 1901.

Simon Bolivar: "Mensage del Libertador con que presentó el proyeto de constitucion al Congreso Constituyente de Bolivia." Lima, 1826, in Documentos para la historia de la vida pública del Libertador, Tomo X, Caracas, 1876; Dunshee de Abranches-"Actas e actos do Governo Provisorio." Rio de Janeiro, 1907-Constituição e leis organicas da Republica dos Estados Unidos do Brazil. Rio de Janeiro, 1891-Constituição Politica do Estado do Rio Grande do Sul, Porto Alegre, 1891. Diario Official dos Estados Unidos do Brasil, collecção de 1889-1914.

DU MÊME AUTEUR.

O poder judiciario e a liberdade profissional, conférence publique. Rio de Janeiro, 1913.

A literatura maranhense, mémoire publié dans le Tome XX de la Bibliotheca Internacional de Obras Célebres. Lisboa, 1913.

Les neutres et la Grande Guerre, article publié en portugais dans le "Journal du Commerce" le 21 octobre 1914, suivi des traductions française, italienne, espagnole, anglaise et allemande. Rio de Janeiro, 1915.

GOBIERNO Y RESPONSABILIDAD.

Por JUSTINO E. JIMÉNEZ DE ARÉCHAGA,

Profesor de la Facultad de Derecho de Montevideo.

I. SUGESTIÓN ENGAÑOSA.

Desde que el antiguo régimen hizo crisis, la aspiración orgánica de las sociedades modernas se identificó con la fórmula política de la división o separación de poderes. Ella preside el advenimiento democrático de todos los pueblos; salva a éstos en todas las remisiones del despotismo, convencional o cesáreo, y se transforma en el postulado inicial de las Constituciones, tan fecundo en derivaciones orgánicas que puede decirse de él que encierra en esencia y potencia toda la doctrina del Derecho Público moderno.

Garantía, la más alta, de la libertad civil, integra el cuerpo de doctrina del gobierno representativo que afirma, como postuiado inicial, la soberanía popular y realiza, por aquélla, el ideal social de la libertad en el orden.

De puro valor ideológico, de simple aspiración convertida en dogma de filosofía política, que resiste a todos los prestigios del absolutismo desde la era aristotélica, se transforma en valor constitucional. En el último cuarto del siglo XVIII lo consagran las Constituciones de los Estados Americanos lo ratifica la Convención de Filadelfia. La última de aquéllas, la de New Hampshire, dice "que los poderes legislativo, ejecutivo y judicial debían ser separados e independientes uno de otro, tanto como la naturaleza del gobierno lo permita o tanto como esta separación pueda acordarse con esta cadena de unión que liga al conjunto de la Constitución en un todo indisoluble de amistad y de unidad."

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