BIBLIOTHEQUE DES AUTEURS CONTENANT L'HISTOIRE DE LEUR VIE, LE SOMMAIRE DE CE QU'ILS CONTIENNENT: ET SUR LEUR DOCTRINE, ET LE DENOMBREMENT DES DIFFERENTES EDITIONS Chez ANDRE PRALARD, rue Saint Jacques, à l'Occafion. M. DC. XCVII Perpetui ******************* AVERTISSEMENT. A plûpart des Historiens qui ont porté leur Jugement fur le dixiéme Siecle, nous l'ont reprefenté comme un Siecle de tenebres, d'ignorance, d'obscurité, de desordres, & de déreglemens. L'Auteur de la Perpetuité de la Foi a entrepris de le juftifier de ces reproches, & de Petite faire voir au contraire, Que c'eft un des plus heureux Siecles de l'Eglife, té,.p. qui n'aiant que des defordres communs aux Siecles précedens, a des avanP. 367. tages tres-finguliers. Un troifiéme qui tiendroit un milieu entre ces deux extrémitez, me sembleroit avoir pris le meilleur parti : Car si d'un côté l'Auteur de la Perpetuité a fort bien montré qu'il y a eu de faints Hommes, & quelques gens éclairez dans ce Siecle; on ne peut disconvenir de l'autre, que l'ignorance, les vices & les déreglemens n'aient regné dans la plus grande partie du monde. Le petit nombre d'Auteurs qui ont écrit dans ce Siecle, le peu d'Ouvrages qu'ils nous ont laiffez, la maniere dure & barbare dont ils font écrits, les chofes qu'ils contiennent, les plaintes que ces Auteurs font eux-mêmes fur les defordres qui regnoient de leurs temps, font des preuves évidentes que les reproches que l'on fait contre ce Siecle, ne font pas fans fondement; & fi l'on veut comparer les Auteurs, les Ouvrages, les Matieres qu'ils ont traitées, les Reglemens des Conciles, la Discipline de l'Eglise, & les mœurs des Chrétiens de ce Siecle, avec ceux des précedens; il n'y a qui que ce foit, qui n'avoue qu'il leur est beaucoup inferieur. Il est vrai qu'il y a eu des defordres dans tous les Siecles; mais qu'ils aient été pareils à ceux qui ont regné dans le dixième Siecle, qu'ils aient été aussi répandus & auffi generaux, c'eft ce qu'on ne fçauroit dire avec vraisemblance. Car qui pourroit foûtenir ferieusement que ce Siecle ait été ausfi-bien partagé en science & en éloquence, auffi fecond en Hommes illuftres, auffi rempli d'Auteurs Ecclefiaftiques, * 2. auffi . tes, ceux auffi heureux en excellens Ouvrages, auffi fertile en Reglemens que les Siecles précedens? Qui voudroit comparer les Papes Jean IX. X. XII. XIII. & les autres Evêques de Rome qui ont vêcu dans ce Siecle; je ne dis pas aux Ss. Leons, aux Ss. Gregoires, mais à des Papes qui ont le moins éclaté dans les Siecles précedens : les Ratherius, les Attons & les Flodoards, les Luitprands, les Metaphraf& les autres Auteurs, dont le nombre eft tres-petit; je ne dis pas aux Saints Athanafes, aux Ss. Bafiles, aux Ss. Ambroises, aux Ss. Augustins, aux Eusebes, aux Theodorets, mais aux plus mediocres Auteurs des Siecles précedens ? Il doit donc demeurer pour conftant que ce n'eft pas fans raifon qu'en comparant ce Siecle avec les précedens, & même avec ceux qui le fuivent: on lui a donné le nom de Siecle d'ignorance, de tenebres & d'obscurité. Il faut toutefois avouer qu'il n'a pas été tout-à-fait tenebreux, & qu'il a porté quelques lumieres qui ont percé les tenebres, & diffipé une partie de l'obfcurité. C'eft en les fuivant & en les prenant pour guides que nous entreprenons d'écrire l'Hiftoire Ecclefiaftique de leur Siecle, & de donner la connoiffance des Matieres qu'ils ont traitées. ·TA |